mardi, mars 20, 2007

Interview - LA FACE CACHEE

Il y a des endroits qui te font aimer une ville. Qui t'empêche de la quitter ou qui t'encourage à y rester. La Face Cachée en fait incontestablement partie. Je n'étais pas encore installé à Metz quand Romain me parla pour la première fois d'un nouveau disquaire, situé rue des Allemands. J'ai mis une semaine avant de pouvoir franchir le pas de sa porte. Médé est depuis devenu un copain, quelqu'un qui compte pour moi, à qui je rends visite 1, 2, 10 fois par semaine. Un type passionnant et passionné, avec et chez qui on se sent bien. Je ne compte plus les apéros débridés, les moments de franche rigolade et les débats houleux sur tout et rien.

Petit hommage par le biais de cette modeste interview.

Voyageur / voyageuse, si le destin t'amène jusqu'à notre antique Cité d'Austrasie, le refuge, du bon son, des sourires et quelques liquides euphorisants tu trouveras en ces lieux bercés de décibels.

www.la-face-cachee.com

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Peux-tu décliner ton identité ?

Médéric Keble, 31 ans et en pleine forme

Pourrais-tu me détailler ton parcours personnel et m’expliquer les raisons qui t’ont amené à prendre la décision d’ouvrir un record shop ?

Un parcours assez bizarre. Les études pour commencer : de DEUG à DESS en ingénierie physique et mécanique, puis une année de voyage pour continuer et finalement près de 2 ans dans divers Instituts de recherche. Sûrement la période la plus ennuyeuse de ma vie… En parallèle, je traînais depuis longtemps dans le milieu des foires aux disques et des disquaires, je vendais en tant qu’amateur. Après quelques collaborations avec d’autres vendeurs, je me suis lancé en 2004 en solo pour ouvrir « La Face Cachée ». Enfin un défi intéressant…

Quelles ont été les difficultés rencontrées à l’époque ? Comment as-tu constitué ton premier stock de disque ? Je crois me rappeler que tu y as injecté une partie de ta collection personnelle… N’as-tu pas eu ce sentiment dérangeant d’un sacrifice peut-être un peu trop dur à assumer ?

Le départ a été assez difficile financièrement. J’ai effectué un prêt pour pouvoir aménager le local et payer tous les faux frais d’ouverture d’un magasin. J’avais déjà un apport assez important en disques car j’en avais accumulé plus de 5 000 en dix ans… À l’heure actuelle, ma collection perso ne doit pas dépasser les 400 disques. Après, je relativise : ce que je n’ai pas pu garder, je peux l’écouter au magasin (il faut bien qu’il y ait quelques avantages)…

Quelles sont les difficultés actuelles (taxes, public, etc.) ?

Les mêmes que pour tout commerce indépendant, quelle que soit son activité : le développement de la vente par correspondance, ce qui incite les gens à rester chez eux pour commander ce dont ils ont envie, et les charges sociales ou charges indirectes, qui elles, ne baissent pas.

Pourquoi Metz et pas une autre ville ? As-tu conscience d’avoir complètement écrasé la concurrence en un peu plus de deux ans d’existence ? D’ailleurs, quel rapport entretiens-tu avec les ex et actuels vendeurs de musique de la ville ? Il me semble que certains viennent trouver l’inspiration dans tes bacs…

Metz, naturellement. J’y suis très attaché. J’y ai grandi, voilà tout.
En ce qui concerne les autres magasins indépendants, ce sont plus des collègues que des concurrents et chacun de nous a sa façon de voir les choses. Il est évident que l’on aime savoir ce qui se passe chez le voisin, les relations entre nous ne sont pas mauvaises et ça ne va pas beaucoup plus loin que ça… Juste un clin d’œil pour Jean-Philippe de CD Mania (fermé depuis 2 ans) qui est un très bon copain, un véritable amoureux du vinyle…

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D’ailleurs, pourquoi le vinyle (même si la réponse me paraît évidente, je te la pose quand même) ?

De la chaleur, de la personnalité, de l’élégance, et du son… Rien à voir avec un bout de ferraille de 10 sur 10 enfermé dans sa cage en plastique. C’est un peu comme si tu comparais une toile de maître et sa vague réplique sur une carte postale achetée à la sauvette dans une boutique souvenir.

Quelle est ta politique concernant le magasin ? La considères-tu comme juste ?

Je fais de mon mieux pour qu’elle le soit, j’espère que tout le monde y trouve son compte en venant ici. J’essaie de répercuter un maximum d’opé de label afin de compenser le prix excessif de certains disques ou certains labels.

Comment se déroule une journée type à La Face Cachée ? Le pourcentage de tarés que tu vois défiler en une après-midi ?

Elle se passe tranquillement. Je vois plus de passionnés que de tarés, heureusement. Il n’y a pas vraiment de journée type, elles sont toutes différentes les unes des autres, cela dépend des gens qui viennent.

Tu participes également à des foires en plus de tenir le magasin. Peux-tu m’en dire un peu plus, tes motivations et ce que cela implique dans la gestion de La Face Cachée ?

Les foires représentent un gros point : on y rencontre des gens, des labels parfois, on se fait connaître. Cela implique une grosse gestion effectivement car on déplace entre 1 500 et 2 500 disques à chaque fois… C’est assez fatiguant mais toujours très intéressant.

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As-tu conscience que ton magasin est un lieu capable de fédérer les énergies créatrices de la ville et qu’il a vu naître bon nombre de projets aujourd’hui concrétisés ?

Depuis l’ouverture, j’ai vu des gens se rencontrer au magasin, développer des projets ensemble. Je ne m’y attendais pas du tout, je trouve ça très enthousiasmant, ça veut dire qu’il y a encore des gens motivés pour aller de l’avant…

Dans la même veine, comment participes-tu à cette dynamique créatrice ? Peux-tu me détailler ta participation à la vie musicale et associative locale ?

C’est très simple, ça me fait toujours plaisir d’être sollicité pour aider les associations ou les potes qui font bouger la vie culturelle messine, donc j’essaie de répondre présent le plus souvent possible.

Qu’aurais-tu fait si tu n’avais pas eu l’idée d’ouvrir le magasin ? T’imagines-tu vivre autrement ? Où te vois-tu dans 10 ans ?

Je ne sais pas de trop, tout ce que je peux te dire, c’est que ma vie aurait certainement été plus monotone. À l’heure actuelle, je ne vois pas faire autre chose. Quant à l’avenir, on verra bien.

As-tu hâte que l’été arrive pour reprendre les barbecues en pleine rue ?


Tu m’étonnes ! Un bon printemps suffira…

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Parle-moi un peu de tes virées nocturnes en ville et de la préparation physique que cela implique. Je pense en particulier aux apéros quotidiens organisés dans le magasin…

Écoute, je ne fais pas de préparation spéciale… Tout se fait toujours à l’arrache avec les copains qui sont là. Et pour les virées, c’est un peu pareil : je me laisse toujours entraîner et j’adore ça. Ce qui est sûr, c’est que je vais pas tenir 10 ans comme ça, il va falloir un jour que je me calme un peu (et toi aussi !)

Comment vois-tu le magasin évoluer dans le temps ? Plus de CD ? Plus d’espace ? Plus de styles musicaux différents ?

Je ne sais pas de trop, tout se fait petit à petit. En ce moment c’est le développement du site du magasin et de la section de Régis Hardsonic (tech, gabber, etc.) qui sont au programme. Après on verra…

La playlist actuelle du magasin ?

Quelques LPs qui passent souvent en ce moment :
-THE REZILLOS - Can’t Stand The Rezillos,
-ANDROMEDA,
-NAS - Hip Hop Is Dead,
-T REX - 20th Century,
-DWARVES - Dwarves Must Die,
-SCREAMIN JAY HAWKINS - At Home With,
-La compile BIP de chez Born Bad.

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Ta playlist personnelle ?

Toujours les mêmes :
-Entertainment des GANG OF FOUR,
-Pink Flag de WIRE,
-Black Monk Time des MONKS,
-Psychedelic Jungle des CRAMPS,
-Hypnotized des UNDERTONES,
-etc.

2/3 anecdotes marrantes liées au magasin à raconter ?


Juste une alors ! Un mec passionné de Farmer s’est pointé un jour au mag’ et est reparti tout de suite car il a eu peur des gars qui étaient en train de fouiller les bacs punks. Il est revenu me dire quelque temps après que mon magasin n’était pas un lieu sur… et que je devais faire attention !

Ta vanne préférée ?

Je les oublie tout le temps, je ne suis pas très bon raconteur de blague…

L’emo de la fin ?

Que la fête continue !

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Médé, c'est de la balle atomique. Moi j'achète pas de disques parce que je suis une caillera et un pauvre. Mais le mec, c'est une perle.

Anonyme a dit…

Bravo pour cette interview qui reflète vraiment bien l’esprit passionné de Médéric !!!
Et félicitation, Médé, d’avoir concrétisé ton rêve (c'était sûr que ça marcherait!!!). Quel courage d’avoir franchi le pas ! Et contente que tu n’aies effectivement pas « mal tourné » (LOL) en Institut de recherche… mais réalisé tes projets !
;-)