vendredi, août 10, 2007

Interview - DOG BLESS YOU

Sam a accepté de se prêter au jeu de l'interview. Je l'en remercie. Ca faisait un moment que j'avais envie de le questionner sur certains trucs, sa relation avec sa muse, ses activités musicales et associatives... Bon, y'a un petit passage qui me fait rougir, j'avais pas envie de l'enlever parce que voilà, on se connaît depuis longtemps, fallait bien verser dans l'autocongratulation à un moment donné... Si ça te dérange, tu peux toujours laisser un commentaire pour me le faire remarquer. Ca me fera plaisir.

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Salut Sam, pourrais-tu te présenter (aussi bien dans le civil que dans ton univers bien particulier) ?

Que dire ? Toujours difficile de parler de soi-même. Vais faire simple, efficace et conventionnel.
Je m'appelle RICCIUTI Samuel, fils d'immigrés italiens. Étudiant, je prépare une thèse en sociologie de l'art à l'Université de Metz. Mes recherches portent sur les moyens de production et de diffusion des labels indépendants. Par ailleurs, je suis musicien sous divers pseudos, au sein de divers projets, dans divers univers musicaux, le principal restant DOG BLESS YOU. Membre fondateur de l'association "Chez Kito Kat". Adepte invétéré des paradis artificiels et des plaisirs charnels (hihi).
Que dire de plus ? Voilà ma vie résumée en quelques lignes…

Divers pseudos, divers projets… Diverses personnalités aussi, je suppose. Je te connais effectivement surtout sous le patronyme de DOG BLESS YOU, mais pourrais-tu me parler un peu plus en détail des autres ?

Diverses personnalités ? Marrant que tu dises cela. Ca vient peut-être de ma schizophrénie latente… ‘fin, ne nous attardons pas sur le sujet…
En effet, j'aime m'évader dans divers projets. Au fil des rencontres. J'ai d'abord commencé en 1998 sous le pseudo de Samab, j'étais DJ et beatmaker pour un collectif hip hop (TRIPLE H COMBO). Puis, à force de diversifier mes influences musicales, j'ai basculé tout naturellement vers l'électro, d'abord sous le pseudo A31 PROJECT puis sous le patronyme de DOG BLESS YOU.
Bien que je préfère travailler seul, nombre de rencontres ont été très lucratives, musicalement parlant. Avec Barclau (qui, par ailleurs, m'accompagne sur scène), nous avons fondé le projet électro folk WHERE IS THE ARCHITECT. Mais celui qui me tient le plus à cœur en ce moment reste sans aucun doute le projet issu de ma rencontre avec Christophe Biache de DIAPORAMA. Pas encore de pseudo pour celui-ci, mais ce qui en ressort pour l’instant promet une suite très convaincante. Ayant une vision également plus minimaliste de l’électronique ambiant, j'ai pu développer une musique beaucoup moins consensuelle sur des installations visuelles et des chorégraphies de danseurs japonais, notamment lors de cette rencontre avec Alexandrine France. Je passe enfin sur les différents featurings et autres remix, trop nombreux pour être listés ici.

C'est par le hip hop que tu es entré dans un processus de création musicale ou bien sont-ce d'autres musiques qui t'ont poussé à trouver ton propre mode d'expression artistique ?

Le hip hop a été pour moi une certaine façon de sortir de l'héritage musical laissé par mon père. Jusqu'à mes 13 ans, je passais mon temps à écouter ses vieux vinyles. Tous ces classiques psychés de la fin des années 60. Il n'y a pas eu un jour de mon enfance où je n'ai pas entendu un morceau de PINK FLOYD. Une obsession. Puis j'ai tout doucement commencé à écouter du hip hop. En 1993, ma première grosse claque a été le "36 Chambers" du WU TANG CLAN. J'ai tout de suite pris goût à analyser les instrumentaux. Beaucoup plus que le flow et les textes, c'était les instrus qui retenaient toute mon attention. Je me suis alors dit que je pouvais passer de l'autre côté de la barrière, essayer de les créer moi-même. Je n'avais cependant aucune connaissance du solfège et ne savais jouer d'aucun instrument. J'ai donc opté pour l'achat de platines et d'un tout petit sampler avec mes très maigres revenus.
J'ai commencé à faire du son dans la logique de créer des instrus hip hop, et puis avec le temps je suis revenu petit à petit à des musiques plus planantes, ambiantes et minimalistes. Retour aux sources psyché, mais avec les bases rythmiques du hip hop, le travail des samples et des boucles. Le hip hop m'a permis de faire mes premiers pas, il représente beaucoup pour moi.
D'ailleurs, une de mes prochaines envies est de travailler avec des MC’s sur un projet abstract hip hop.

À ton avis, il est dû à quoi, ce retour aux sources (vers le psyché donc) ? Est-ce que tu te sens proche d'un groupe tel que DALEK qui revendique, lui, clairement de telles influences ?

On finit toujours par revenir aux sources. En tout cas, même si le retour ne se fait pas, on garde forcément ancrées en soi des références, des influences… J'ai grandi avec celles-ci, et malgré la découverte d'autres styles musicaux, j'ai quand même continué à écouter les Miles Davis, Herbie Hancock, PINK FLOYD et autres TARKUS de ma jeunesse.
En ce qui concerne DALEK, leur travail ne me transcende pas plus que ça. J'aime tout de même leur musique, on sent les influences psychées. Je me souviens d'un concert où tu avais fini complètement raide allongé au fond de la salle, haha. En live, ils sont vraiment très très forts… Musicalement je ne me sens pas trop proche d'eux, donc. En revanche, dans leur logique de production et de diffusion similaires à celle des milieux DIY, il y a là pour moi un véritable modèle à suivre.

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Au fond de la salle d'abord, puis dehors sur le trottoir en train de comater sous la pluie… Je crois que j'ai arrêté de fumer de la drogue après ce concert… Bon DALEK c'était le premier exemple qui me venait à l'esprit. En revanche, ça tombe bien que tu en parles : j'aimerais savoir comment tu en es venu à adopter cette logique DIY pour ton propre travail. Tu vois ça comme un choix ? Une contrainte ?

Depuis très jeune, j'ai cette répulsion pour tout ce qui est accessible, ce qui est formaté, cette musique qui satisfait la masse sans qu'elle n'ait aucune question qualitative à se poser (peut-être est-ce ma crise de rébellion adolescente qui n'en finit pas de durer ?).
J'ai toujours cherché à écouter ce qui sortait en indé. Même lorsque j'ai commencé à écouter du hip hop, je m'obstinais à n'acheter que des disques d'indépendants.
Et puis, à force d'observation, à force de découverte et surtout à force de rencontres (dont tu fais partie), j'ai commencé à comprendre un peu comment fonctionnaient les milieux indépendants. C'est sans aucun doute le modèle punk (hardcore) qui m'a le plus inspiré, autant au niveau de la création des réseaux que dans l'échange musical, dans cette logique de non-profit, et surtout cette logique du "fais-le toi-même".
Je regrette de ne pas voir ces principes se développer plus que ça dans le monde de la musique électronique. Il existe quand même quelques belles exceptions à ce que je viens de dire : Chat Blanc Record de Montréal par exemple, les labels Scape, Morr, Merck… Et puis il y a ce label luxembourgeois sur lequel je viens de sortir un album expérimental, Sounds From Nowhere… Ca m'a troué le cul de voir un Luxo (désolé pour les préjugés bêtes et faciles) s'acharner à diffuser des productions expérimentales à travers le monde sans chercher à se faire le moindre profit, si ce n'est un profit artistique de découverte musicale. Lorsque j'ai vu comment fonctionnait ce label, j'ai tout de suite accepté l'invitation à faire partie du catalogue.
Maintenant, je sais que cette obsession à n'écouter et à ne rechercher que de l'indépendant a des mauvais côtés, je suis certainement passé à côté de belles productions sorties sur des majors. Je sais pas. En fait, ça me fait bizarre de mettre dans la même phrase "major" et "belles productions", héhé.

Tu exclus donc le fait de vivre un jour de ta musique ?

Le style musical dans lequel j'évolue n'a jamais vraiment créé de millionnaires. Vivre de ma musique reste une utopie, un rêve de gosse. Ce rêve de gosse n'est pas de faire des millions, juste de pouvoir vivre de quelque chose que j'aime. Je n'espère pas, au niveau de ma production musicale, réaliser un quelconque profit financier, mais si je peux vivre de la musique d'une autre façon… Voilà une des raisons pour laquelle je continue mon doctorat. Il me permet de faire mes recherches sur la musique, donc de rester ancré dans un domaine que j’aime, tout en espérant peut-être un jour vivre de ces recherches.
Espérer dans ma musique un quelconque profit m'obligerait à la formater pour toucher un public de plus en plus large. Je ne veux pas créer pour satisfaire un quelconque cahier des charges. J'aime créer avec mes tripes. Et cela ne changera pas. S'il faut que j'aille travailler à la chaîne pour me payer le moyen de produire ma musique, alors je le ferai… Putain j'aurais dû faire de l'électro-pop mainstream music, ça aurait quand même été plus facile…

Concrètement, au sein de DOG BLESS YOU, quelles sont tes influences primordiales ?

Question difficile… Tellement de choses que j'aime écouter, tellement de groupes qui m'ont influencé, tellement de références qui entrent en compte tant dans la production que dans la diffusion… Je peux te citer à la va-vite quelques-unes de mes principales influences : sans aucun doute les labels Constellation, Kranky, Merck, Scape, Good Looking, Morr, Warp, Ninja Tune ou encore Mo wax… Quelques groupes ont aussi eu une influence primordiale : PINK FLOYD et BOARDS OF CANADA sont certainement deux des formations qui m'ont le plus orienté dans ma vision musicale. Et puis, comme je l'expliquais plus haut, j'ai aussi beaucoup écouté de hip hop, de musique expérimentale, d'electronica, de folk… Toutes ces références sont autant d'influences, elles varient en fonction des moments, des humeurs, des rencontres.

Qu'en est-il de tes voyages ? Il me semble que tes errances à travers le monde jouent un rôle important sur ta musique… Que recherches-tu dans ces voyages, en dehors de l'inspiration pour créer ?

Oui, c'est clair que ces voyages sont une merveilleuse source de découverte et d'inspiration ! J'ai toujours eu la chance de voyager, que ce soit avec mes parents ou seul à partir de l'adolescence. J'ai besoin de bouger, j'ai besoin de découvrir. Me mélanger aux autres cultures. "Errance" est le mot parfait, j'aime errer et me perdre dans des villes que je ne connais pas, marcher des heures. C'est dans ces moments-là que je me sens le mieux. Je me sens vivre.
Il y a des lieux qui ont tout de même une force d'attirance supérieure sur moi. Déjà l'Italie, mon pays, Naples, ma ville, ma famille… Besoin d'y aller au moins une fois par an pour me ressourcer. Il y a également les cultures des pays arabes qui ont eu une influence sur la couleur de mes productions. J'espère pouvoir partir le plus rapidement possible pour le Moyen-Orient, la Syrie, la Jordanie, Israël, le Liban… Je pense que le prochain voyage sera là-bas, juste avec un billet aller, sans date de retour préméditée.
Et puis le Canada… Comme tu dois le savoir, je pars en septembre pour un an là-bas. C'est une très longue histoire. J’y suis allé la première fois à 10 ans pour un stage de hockey sur glace. Après plusieurs allers-retours, je me suis promis d'aller vivre là-bas. Le genre d'obsession que l'on ne peut pas expliquer.
Pour moi, chacun d'entre nous devrait voyager. Cela permettrait d'éliminer tous les préjuges, d'avoir une approche personnelle de la diversification culturelle, et surtout c'est une certaine façon d'apprendre à sa façon. Bien sûr, pour voyager, il faut des moyens financiers et cela n'est pas donné à tout le monde. C’est regrettable.

Qu'en est-il de ton travail photographique (issus de tes voyages, je suppose) ? Comment es-tu venu à t'exprimer par ce biais ? Quel rôle tient ton objectif, quel est son but premier lorsque tu te retrouves face à une scène, prêt à shooter ?

La photographie est venue plus tard, un peu par hasard, au fil des voyages. J'aime rester à regarder de jolies photos, des paysages, des décors urbains, des portraits, essayer d'imaginer une bande son pour chaque image. Lorsque je prends des photos, elles sont le reflet exact de ce que je vois quand je compose ma musique. J'affectionne tout particulièrement les paysages urbains, le béton, les décors industriels, les usines (fruit d'une enfance en pays sidérurgique !). Mon objectif permet d'immortaliser ces images qui me hantent. J'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises, d'exposer mes travaux, mais je prends un peu plus ça comme un hobby, même si je n’aime pas trop ce mot. Je n'ai aucune prétention par rapport à la photographie, je sais que j'ai de grosses lacunes techniques sur ce moyen d'expression artistique.

Musique, photographie, voyages, es-tu déjà parvenu à lier ces trois passions ?

La photographie et la musique me font voyager, les voyages influencent ma musique et mes photos.

Héhé par là, je voulais savoir si tu n'aurais pas envie d'organiser un de ces quatre une tournée où tu mêlerais ta musique et tes photos. Est-ce que ce genre de projets te botte (sachant que t'as déjà participé à un projet plus multimédia) ?

Oui, j'ai déjà eu l'occasion de travailler sur la bande son de vidéos, c'est un travail qui me plaît, mais différent car les images sont en mouvements. Mettre en sons mes images serait un très joli aboutissement. Voilà le genre de projet qui me botterait vraiment beaucoup ! Une expo photo avec une performance musicale en live. À méditer.

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Justement, au niveau de tes lives, dans leur forme actuelle, est-ce que tu te sens à l'aise ?

Pas vraiment… Je me suis vraiment senti bien lors d'un festival au Luxembourg dernièrement : en même temps que je jouais, il y avait de la vidéo expérimentale qui défilait. Et je sais que ma musique a besoin de ce support visuel. Je travaille aussi pour jouer plus d'instruments en live, rester scotché derrière son PC peut s’avérer une expérience déroutante, tant pour moi que pour le public. J'ai cependant la chance d’être accompagné par Barclau, un excellent guitariste qui sait parfaitement s'accommoder de mes compositions. Il donne cette touche analogique qui complète la couche numérique.
Mes lives ne sont pas encore parfaits, c’est un fait. Je travaille là-dessus. Je prends néanmoins mon pied à jouer en public, cela procure un contact avec les gens que je ne retrouve pas lorsque je compose. C’est vraiment enrichissant.

Toutes aussi enrichissantes sont ces rencontres qui t'amènent à collaborer (avec Barclau, comme tu l'as souligné, ou bien Dr Geo) ou à partager ta musique (avec Electroluminescent par exemple). Pourrais-tu m'en dire un peu plus ? Y'a-t-il eu des rencontres plus marquantes que d'autres ?

Comme je l'ai précisé un peu plus haut, j'ai une façon de travailler ma musique assez personnelle. J'aime bosser seul, à mon rythme. Mais au bout d'un moment, il est toujours intéressant de partager la création. Quelques rencontres ont été déterminantes. Barclau premièrement, qui reste vraiment la personne avec qui je m'entends le mieux au niveau du travail sonore.
La rencontre musicale avec Dr Geo est assez spéciale également. Je connais ce bonhomme depuis un certain nombre d'années, mais jamais nous avions eu l'occasion de jouer ensemble. Et puis, il y a 6 mois, il m'a proposé de m'accompagner pour un petit live. J'ai tout de suite senti cet amour de la musique couler en lui. C'est vraiment un guerrier, il vit par et pour son art. Voila le genre de rencontre que je souhaite faire, être amené à collaborer avec des personnages qui te poussent sans cesse vers le haut. On a eu l'occasion de réaliser deux improvisations pour Luxembourg 2007. Des moments inoubliables. Suis content de partager la sortie d'un split avec lui. Voila, une affaire à suivre…
Une autre rencontre qui est actuellement déterminante dans mon travail est celle avec Christophe Biache (DIAPORAMA). Il a approximativement les mêmes références musicales que moi. J'aime travailler avec lui, il est très professionnel, encore une personne qui me tire vers le haut. Un EP est en préparation pour la rentrée.
La rencontre avec Ryan Ferguson (ELECTROLUMINESCENT) a été forte en émotions. On a partagé quelques dates ensembles, on a passé deux semaines à terminer tous les soirs bourrés et à essayer de communiquer, moi avec mon anglais de supermarché et lui avec ses deux mots de français. À la fin, tant la rencontre a été forte, nous avons décidé de conclure ça par une collaboration musicale. Deux morceaux sont issus de cette rencontre. Deux bijoux.
Et puis y a toi mon petit Flo. Sans aucun doute la rencontre la plus marquante. Peut-être pas au niveau musical, mais pour tout ce qui va avec, l'amour de la musique, de sa diffusion, ton écoute, ta patience, la prise de confiance… Tu m'as fait croire en moi… Héhé, c'était la minute d'émotion…

Tu vas faire chialer tout le monde là, héhé… Et ta rencontre avec Salima, ta compagne au sein de Chez Kito Kat ? Là je sais qu'on déborde du contexte musical, mais j'aimerais bien que tu me racontes les difficultés que tu as dû affronter pour faire accepter votre relation à votre entourage…

Plus que ma compagne au sein de Chez Kito Kat, Salima est surtout mon double. Ma muse. Je partage ma vie avec elle depuis maintenant 11 ans. On s'est rencontré au collège, on ne s'est plus quitté depuis. Comme tu le dis, il y a eu des difficultés dues à nos différences d'origines, elle algérienne et musulmane, moi italienne. Dur dur. C’est sans doute ce qui nous a fortifiés, fortifié notre relation. Nous avons toujours été confrontés aux préjugés, tant dans ma famille que dans la sienne. Même des fois chez les amis, et ça c'est vraiment le pire. Les gens n'aiment pas les mélanges ethniques, encore moins les mélanges religieux. Ça perturbe leur train-train quotidien. Nous, on s'en fout royalement.
Que dire de Salima ? Il me faudrait un bouquin de 500 pages minimum pour parler d'elle et de ce qu'elle représente pour moi. J'ai tendance à dire : Salima, le fond et la forme. Sans elle, je ne serais ce que je suis maintenant. Il n'y a pas de Samuel sans Salima.

Vous fonctionnez en couple au sein de Chez Kito Kat. Pourrais-tu me détailler un peu plus vos activités, la manière dont vous fonctionnez ainsi que vos projets ?

Avec Salima, nous avons monté cette association dans le but d'enrichir encore un petit peu plus la programmation musicale sur Metz. Non pas qu'il n'y avait pas assez de concerts, on avait juste envie d’essayer de programmer des groupes qui nous correspondaient un peu plus (électro, folk, post rock). Au sein de l'asso, on essaie de se partager les tâches, Salima s'occupe un peu de chercher des groupes, de communiquer avec les bookers, elle s'occupe aussi de l'accueil des groupes (son anglais est quand même bien meilleur que le mien, héhé). Et je me charge du reste, communication, fly, technique. Le but au départ était quand même d'organiser plusieurs sortes de manifestations, pas uniquement des concerts. Je pense qu'on s'attardera un peu plus sur le pluridisciplinaire à notre retour du Canada. Et puis il y a ce projet de publier des recueils musicaux qui nous est venu à l'esprit il y a de ça quelques mois. Avec pour but de mélanger un peu les artistes qu'on a programmé et certain groupes locaux. Ainsi sur la première compile "Kito Sound" qui sort d'ici quelques jours, on retrouve des artistes locaux (DIAPORAMA, ZERO DEGRE, DOG BLESS YOU, DE TEKOOPTEHUREEN) ainsi que des groupes beaucoup plus connus tels que MILLIMETRIK du Canada et Tsukimono (membre de SCRAPS OF TAPE) de Norvège.
Bref, on essaie de varier un peu notre prog’, les projets… Mais bon, le principal chantier des Kito Kat est à présent de préparer leur voyage et programmer des concerts sur Montréal. On aimerait bien organiser une petite tournée pour un groupe de Metz le long du Saint Laurent. À suivre…

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Justement, ce voyage… Vous vous expatriez pendant un an au Canada. Qu'est-ce qui vous a motivé à agir ainsi ?

Déjà, c'est cette envie de ne pas rester en place, de bouger, vivre l'aventure. On est jeunes, en pleine possession de nos moyens… C'est le moment où jamais de partir. Et puis le Canada, pour moi, c'est une longue histoire. J'y suis allé à plusieurs reprises, j'y ai vécu quelques mois en 2005 pour effectuer mes recherches sur le label Constellation. Cela m'a permis de rencontrer des personnes vraiment très engagées, quelques amitiés se sont créées.

Vous partez avec des plans bien précis dans la tête ? As-tu prévu d'y jouer ?

Une fois là-bas, on a envie de développer quelques idées, mais le principal pour nous restera de vivre l'instant. Essayer de ne pas trop se projeter. C'est sûr qu'il y a des projets, des amis là-bas m'ont déjà prévu quelques concerts, comme je te le dis, on aimerait bien essayer de faire un peu de programmation aussi… En fait c'est difficile à dire. Pour Salima, c'est également un départ vers l'inconnu.

Est-ce pour mieux revenir sur Metz par la suite ?

Le retour à Metz ? Je préfère ne pas y penser pour l'instant.

L'inconnu te fait peur ?

J’ai mes petites craintes. Mais l'inconnu me motive beaucoup plus qu'il ne m'effraie. Si l'inconnu t'empêche de faire les choses par peur, alors il vaut mieux s'enfermer au fin fond de son cloître et vivre une vie d'ermite.

Tu quittes la France alors que Sarkozy est au pouvoir. Avec une compagne musulmane, t'as pas peur d'avoir du mal à revenir l'année prochaine ?

Héhé… Si t'avais vu comment on s'est fait fouillé à la douane au mois de février à l'aéroport… J'avais la barbe et Salima qui n'a pas trop un nom français… Ils ont laissé passé tous les vieux, les gens bien sapés, les jeunes Français propres sur eux… Et pis nous, ils nous ont fouillés de la tête aux pieds… On va demander l'asile politique au Canada. Quoique, leur gouvernement n'est pas vraiment plus sérieux que le nôtre. Bon, au moins ils ont la chance de ne pas avoir un mégalo au pouvoir. Puis tu sais, c'est même pas Sarko qui me fait peur, mais les réactions que j'entends sur mon lieu de travail, chez des amis, dans la famille. J'ai l'impression que les gens assument de plus en plus d'afficher leur ignorance et leur racisme. C’est un truc qui me fait flipper et ne me donne pas vraiment envie de revenir.

Tu bosses avec des jeunes en Internat. T'as réussi à leur donner goût à la musique ?

En fait, je bosse dans un collège et dans un lycée professionnel. Les gamins du collège sont adorables, j’ai pu discuter un peu de musique, leur faire découvrir des trucs pas trop compliqués. En revanche, au lycée, c'est plus un rapport de force, les jeunes te testent en permanence, ils sont un peu dans l'âge bête. Je crois que je n’ai même pas eu l’occasion de parler musique avec eux.

Revenons à la musique, justement. J'aimerais connaître la signification de ton patronyme.

Un mauvais jeu de mots… Tu t'y connais toi, en mauvais jeux de mots, non ? Disons que c'est un peu issu de la répulsion engendrée par toute forme de culte religieux. Tellement plus facile de se dédouaner et en appeler à la bénédiction d'un tiers.

En parlant de mots et de jeux, tu mentionnais au début de l'interview un futur projet avec des MC’s…

Ben justement, c'est en travaillant au collège que m'est venue l'idée. Un petit jeune qui me dit un jour : "Tiens Sam, écoute !!! C'est un clash avec je sais plus qui…" J'ai écouté : le flow du jeune et ses textes m'ont foutu une véritable claque dans la gueule. J’ai proposé de lui bricoler quelques instrus. Et je me suis dit que c'était essentiel de faire un petit retour aux sources. Je connais 4 ou 5 MC’s morts de faim, ils n'attendent que des instrus pour pouvoir poser ! Je vais essayer de terminer ça avant la fin août. Vais en profiter pour faire reprendre le mic à Salima, elle ne l'a plus touché depuis la fin du projet TRIPLE H COMBO. Autant dire que ça va négocier sec !

Les instrus pour ce projet, tu les travailles à base de quoi ? Est-ce que c'est un travail qui va différer de celui pour DBY ?

Pour chacun de mes projets, j'utilise toujours le même matos. Juste un changement de configuration suivant le style.
Mon outil principal reste avant tout le sampler. Et mes boîtes à rythmes. Avant, je passais un temps fou à chercher des samples, écouter des heures et des heures pour trouver LA boucle. Depuis un certain temps, je préfère jouer moi-même mes boucles, à l'aide d'un piano, d’une guitare ou d’un synthé. Sinon j'utilise Cubase SX sur le PC uniquement en séquenceur et, de temps en temps, je me sers des plug-in VST, mais c'est super rare.

Et au niveau des samples, tu pêches ça chez quoi ? Je te demande ça parce que sur le split avec Dr Geo, y'a des sons qui m'ont fait penser à du vieux WU, LO-DOWN ou même GRAVEDIGGAZ…

Pour le split, je n’ai utilisé des samples de disques que sur un morceau, en l'occurrence "Once Upon A Time" (les samples viennent d'un vieux stock de vinyles de jazz). Pour le reste, ce sont des samples que j'ai joués. En tout cas merci pour le rapprochement avec le WU, ça me touche beaucoup.

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Héhé, me disais bien… Bon on passe aux questions plus relax. Tes cinq morceaux préférés du WU, justement ?

Je vais plutôt te donner mes 5 albums préférés des pensionnaires du WU :
1 Genius : Liquid Sword
2 Raekwon : Only Built 4 Cuban Linx
3 WU TANG CLAN : Enter The Wu Tang
4 Method Man : Tical
5 Ghostface Killa : Iron Man

Canin ou félin ?

Miaowwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww, sans aucun doute !! Félin, quoi !

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Meilleure drogue pour composer un titre de DBY ? Meilleure drogue pour écouter un titre de DBY ?

90 % de mes morceaux sont composés sous alcool. Pour l'écoute, je conseille un truc pas trop fort, juste ce qu'il faut, un petit joint de skunk ou du bon népalais. Mmmm tout ça enfoncé dans un fauteuil, les yeux fermés…

Comme c'est ta première interview, tu me dois de révéler en ces pages un truc que t'as jamais dit à personne avant…

Un truc que j'ai jamais dit à personne ? Héhé ça va être dur… Une nuit, dans un rêve, je me suis vu en double et j'ai crié… Ca te va ?

M'est arrivé la même chose y'a pas longtemps. T'as vu Le Locataire de Roman Polanski ? Y'a une scène similaire qui fout les jetons… D'ailleurs, ta scène de film préférée ? Si DBY était un film ?

Bien flippant, ce film de Polanski ! J'ai un peu honte de te dire ce qui va suivre, mais bon tant pis, j'assume… Y a une scène de film que j'ai dû voir un million de fois. C'est un vieux film canadien, ça s'appelle "Youngblood". L'histoire d'un joueur de hockey sur glace ricain qui s'exporte chez ces barbares de canadiens. La scène que je préfère, c'est quand à la fin du film il met une bonne branlée à son adversaire et marque le but de la victoire… YOUNGBLOODDDDDDD !!!!!! À chaque fois que je suis sur la glace, je m'imagine dans la peau de ce héros de film… Pas très glorieux, hein ??
Sinon, un peu comme Barclau, j'admire cet anti-héros qu'est « The Dude », le Big Lebowsky ! Un peu comme Homer Simpson, je pense que ce gars a vraiment trop la classe. Pour être un peu plus sérieux, j'aime beaucoup les films des frères Cohen. "Fargo" et son ambiance super glauque sont un bijou pour moi.
Suis un très gros consommateur de cinéma, dur de m'identifier à un film très précis. Mais si je devais choisir, je dirais "La Grande Bouffe" de Marco Ferreri. Abuser de tous les plaisirs de la vie (bouffe, baise, drogue, musique…) jusqu'à en crever !

Ta blague préférée ?

Au risque de paraître ennuyeux, je n’aime pas les blagues. Je n'arrive pas à les retenir, c'est peut-être pour ça.

Héhé alors je te laisse le mot de la fin, merci à toi d'avoir répondu à cette petite interview !

Merci à toi, Flo…

Ciao a tutti ! Tanti bacci ! Ci vediamo !
(Ça fait assez folklorique pour un mot de la fin ça, non ?)

www.myspace.com/dogblessyou

lundi, avril 30, 2007

Interview - THOMAS LECHNER / QUEERBEAT BOOKING AGENCY

Le hasard fait bien les choses. J'ai appris l'existence de QUEERBEAT suite à un concert de Hyacinth donné début août 2006 à Münich et un mail d'Alex. Nous sommes restés en contact depuis, et c'est ainsi que je fus amené à organiser des concerts pour des groupes de leur roster (KIDS ON TV en avril, THE PLANE IS ON FIRE à la fin du mois de mai).

Thomas a pris la peine de répondre à mes questions à la con.

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Quelle est la genèse de Queerbeat ? Une idée géniale, un soir de cuite, ou bien un projet mûrement réfléchi ?

Ca s’est développé tranquillement, étape par étape, sans que nous ayons une idée précise derrière la tête. J’ai commencé à organiser des concerts et des teufs en 1996 en m’appuyant sur les ressources de notre scène locale. De fil en aiguille, de plus en plus de groupes se sont tournés vers moi, pour des concerts d’une part, mais également pour du tourbooking. Je me suis dit « Pourquoi pas ? » et les premiers sur lesquels je me suis fait les dents ont été DIE MOULINETTES. Au début, on organisait des concerts en Allemagne, en Suisse et en Autriche seulement. Puis je me suis retrouvé à bosser pour LE TIGRE. Après notre première tournée à travers ces pays, les filles m’ont demandé si ça me branchait d’être leur agent pour l’Europe. Ca me tentait d’essayer et ça marche plutôt bien depuis. Après ça, THE HIDDEN CAMERAS sont venus vers moi avec la même idée en tête (ils ne voulaient pas évoluer dans le circuit musical classique et, de ce fait, quitter leur agent britannique). Et nous voilà aujourd’hui réunis autour de cette interview.

Qui était à l’origine de Queerbeat ? Seulement toi ou bien d’autres personnes étaient-elles déjà investies dans le projet ? Comment se répartit le travail ?

Moi et mon ancien petit ami. On faisait du deejaying ensemble. Il nous a quittés deux ans après sa création. Mais à mesure que Queerbeat grandit, se développe, je suis amené à rencontrer de plus en plus de monde partageant la même vision du monde. J’essaie donc d’impliquer tout le monde dans nos projets, de faire travailler des gens ensemble. Queerbeat est une compagnie (ma compagnie) mais nous fonctionnons en tant que collectif au niveau des décisions.

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Thomas

Il y avait beaucoup de bookers ou de promoters orientés gay et lesbien à l’époque de la création de Queerbeat ? Comment les gens ont réagi au début ?

Non. Et Queerbeat n’était pas destiné à se revendiquer « gay et lesbien ». Au départ, nous ne travaillions exclusivement qu’avec des artistes hétéros. Tout est venu naturellement, c’était évident pour nous de travailler avec des artistes gays et lesbiens par la suite. L’idée que nos artistes hétéros n’aient aucun problème à bosser avec une structure queer est plutôt plaisante en soi. Précision : pour nous, « queer » est un terme qui qualifie aussi bien ta sexualité que tout ce qui est étrange, inhabituel, excitant, musicalement anticonformiste.

Qu’est-ce qui a changé en 10 ans d’activités ?

Au début, il n’y avait pas de groupes queers dans notre roster. Nous avions pas mal d’artistes féminines ou de groupes avec des filles (DIE MOULINETTES, POP TARTS, LALI PUNA, TUNIC, FRED IS DEAD au début, LE TIGRE, LESBIANS ON ECSTASY, GRAVY TRAIN plus tard). On ne bookait pas de groupes queers, puis en 1999 j’ai commencé à bosser sur le Candy Club, une teuf queer alternative sur Munich (avec pas mal de concerts à chaque fois). Après Popstarz à Londres, c’est la deuxième plus vieille teuf de ce genre en Europe et elle a toujours autant de succès. À force d’être en contact avec des groupes queers, on s’est dit que c’était une orientation artistique plutôt plaisante à prendre. C’était également intéressant de constater que les exigences et les besoins de ces groupes diffèrent souvent de ceux des groupes hétéros. Une volonté de développement alternatif, un engagement profondément marqué envers une scène queer/féministe/DIY. On s’est donc retrouvé au milieu de tout ça, à essayer de connecter plusieurs scènes, plusieurs milieux ensemble, créer des ponts entre le business classique de la musique et l’alternative que représentent les groupes dont nous assurons la promotion. De ce fait, ceux-ci ont tout aussi bien accès au circuit des clubs et des festivals qu’aux concerts DIY.

N’est-ce pas un peu difficile de sauter d’un groupe à un autre, d’ELECTRELANE ou CORNERSHOP à KIDS ON TV et KITTY EMPIRE ? Bosser, d’un côté, avec de gros festivals et de l’autre avec des types comme moi, par exemple, ne doit pas forcément être évident…

ELECTRELANE, CORNERSHOP, SHELLAC, SLEATER KINNEY, STEREO TOTAL sont des groupes dont nous avons organisé les concerts à Munich. Nous ne nous occupons en revanche pas de leurs tournées. Mais je ne vois aucun inconvénient ou contradiction à bosser avec différents promoters. La chose la plus importante reste ceci : est-ce qu’ils respectent nos artistes et est-ce qu’ils comprennent leurs besoins spécifiques ? Je me souviens d’un kid qui n’arrivait pas à comprendre pourquoi les filles de LE TIGRE, après avoir tourné pendant plus de 15 années (en ce qui concerne Kathleen Hanna), refusaient encore de dormir par terre après le concert. Elles ont besoin d’intimité et de tranquillité et c’est ce qu’une chambre d’hôtel peut par exemple offrir. Le mec m’a alors dit que ce n’était pas du tout une attitude punk. Je lui ai répondu que c’était un manque de respect. D’un autre côté, j’ai convaincu les filles de jouer à un LadyFest en Slovénie afin de soutenir la scène locale. Comme l’organisatrice du festival n’avait pas assez d’argent pour les faire jouer, nous avons baissé le cachet et je n’ai pas pris de commission. Au final, je pense que ces deux attitudes sont tout à fait compatibles.

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Alex

En 10 ans d’existence, quelles sont les dates qui ont marqué le parcours de Queerbeat, les événements qui l’ont amené à être ce que cette entreprise est aujourd’hui ?

Chaque instant que nous passons ensemble au sein de Queerbeat est un moment crucial, que ce soit lorsque nous devons dealer avec les taxes ou lorsqu’on doit trouver de l’argent pour pouvoir continuer à exercer nos activités. En fait, chaque nouvelle expérience a véritablement été cruciale pour Queerbeat : les débuts du Candy Club, le booking pour LE TIGRE, le premier festival que nous avons organisé avec nos propres thunes, la première teuf que nous avons monté à la mairie de Munich, la première Gay Pride dans laquelle nous étions investis (en 2000), le premier festival que nous avons organisé pour le Bavarian Broadcast… Le premier concert sold-out de LE TIGRE (à Berlin avec PEACHES en 2004 ; 500 personnes attendaient à l’entrée du club alors qu’il n’y avait plus de places disponibles), le premier contact avec un gros label (un contrat avec BMG pour NOVA INTERNATIONAL qui devait ne faire que 12 pages… La version définitive en compta 56). Fonder un label… Chaque nouvelle étape est importante et chaque remerciement que nous recevons de la part des groupes dont nous nous occupons est un événement. Essayer, faire ses propres erreurs, apprendre et ne jamais laisser tomber.

Pourrais-tu me parler plus en détail des activités dans lesquelles vous êtes tous investis, à côté de Queerbeat (Alternative Spirits et Candy Club en particulier) ?

Nous avons organisé des Alternative Spirits de 1996 à 2000. Le but était clair dès le départ : pouvoir organiser une fête et y mélanger du mix et des concerts. À cette époque, j’organisais des concerts dans un club de Munich, mais la musique des afters ne collait jamais avec celle des groupes qui y jouaient. Enfin bref, à partir de là, on a réussi à fidéliser un public. Les gens qui étaient intéressés par ces fêtes savaient quel genre de musique les groupes invités allaient jouer. Et les purs teufeurs étaient souvent attirés par tout l’aspect live de ces fêtes. Avec les Alternative Spirits, on a essayé d’apporter autre chose, une autre attitude. Sachant que nous organisions souvent des concerts de groupes à guitare, nous voulions que les queers et les filles, en plus des mecs qui écoutent généralement ce genre de musique, s’y intéressent également. On s’est lâché sur la déco, l’aménagement du lieu, etc. De ce fait, nous avons de plus en plus touché la communauté gay et les gens qui se foutaient un peu de la musique qu’on leur passait généralement dans les bars queers. Cela m’encouragea à créer le Candy Club (même si tous mes potes m’ont, au départ, affirmé que cela ne marcherait jamais). C’est une queer party, mais il y a un équilibre assez intéressant au niveau de la fréquentation. 40 % de gays, 30 % de lesbiennes et 30 % d’hétéros. Même si j’aime quand toutes les confessions se mélangent, je veux que les hétéros soient conscients du fait que les autres mecs puissent ressentir une attraction pour eux et que s’ils/elles ne veulent pas être dragués, ils doivent trouver une manière une peu plus classe de le dire que celle habituelle. Et s’ils draguent à leur tour, je veux qu’ils acceptent d’essuyer un refus de la même manière. Bien évidemment, il en va de même pour les filles. Tout est une question de respect, au final. Pour résumer, Candy Club est une fête queer ouverte à tous et toutes, une fête avec un propos politique, qui s’intéresse à tout ce qui se fait de nouveau en musique dans la communauté queer et bien plus encore…

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Et en ce qui concerne les festivals auxquels Queerbeat participe, il me semble que la scène locale munichoise vous tienne particulièrement à cœur et que vous y restez fortement attachés…

Pense globalement, agis localement.
Plus tu sais comment ta scène et ta ville fonctionnent, plus tu touches à différents aspects et niveaux dans l’organisation d’un événement culturel, plus tu es apte à collaborer avec d’autres personnes dans le même délire que toi ailleurs en Europe ou dans le monde. Je ne pense pas être un connard car je sais avant ce que c’est de faire vivre sa scène au niveau local. C’est également important de garder les deux pieds fermement plantés dans ce terreau, de savoir d’où tu viens et qu’est-ce que t’as amené là où tu te trouves désormais. Dans le cas de Queerbeat, c’est la scène gay de Munich (avec le Candy Club et l’orga de la Gay Pride), la scène locale et nationale allemande (avec l’organisation de concerts et de festivals comme le Theatron, gratuit et organisé avec l’argent de la ville). Nous organisons enfin de gros événements pour le Bavarian Broadcast et la ville de Munich. L’argent qui découle de ces projets nous aide à en financer d’autres, plus personnels, et nous permet une plus grande liberté au niveau de notre travail.

Quelle est la crise dont vous parlez dans la phrase d’accroche que vous incluez dans chacun de vos mails (“Let's use the crisis in the music industry as a chance to get back to the principles of trust, sincerity, mutual respect and loyalty !”) ? Cette crise a-t-elle encore lieu d’être en 2007 ?

Ce n’est pas le piratage qui tue la musique, mais bien l’industrie elle-même. Même si je n’ai effectivement aucun problème à bosser avec de plus gros agents, de plus gros labels ou de plus grosses compagnies, je trouve qu’il y a effectivement un décalage par rapport aux changements que l’univers de la musique a subi depuis quelques années avec Internet. Ces grosses huiles ont vendu tellement de disques par le passé qu’elles n’ont pas compris ce qui leur arrivait. S’attaquer à Internet ou à l’échange de MP3 juste parce qu’on a peur de plus pouvoir financer le stand musique du prochain événement Mercedes (je compte plus les showcases pathétiques, les groupes que l’on prostitue face à un parterre de journalistes qui semblaient plus intéressés par le buffet que par la musique).
Il y a aussi un changement de stratégie. Dans les années 80, les labels laissaient le temps aux groupes de se développer, sur 2, 3 ou 4 albums. Les années 90 ont changé la donne, si tu vendais pas un million dans la semaine, tu te faisais éjecter. Ils se sont rendu compte d’une baisse et ont blâmé le piratage ou la copie, alors qu’il fallait surtout chercher du côté de leur attitude merdique et de leur arrogance crasse. Les consommateurs de musique ne sont pas aussi bêtes qu’on le pense, puis il faut dire aussi que ces gros labels ont produit assez de merde depuis 30 ans pour qu’on arrête de les soutenir dans cette démarche.
Cependant, chaque crise est une chance pour redémarrer sur de nouvelles bases et c’est pour cela que nous utilisons cette phrase. Nous essayons de travailler honnêtement, comme il était de coutume de la faire dans les années 70.
Et cette crise sera effectivement toujours d’actualité tant que les groupes ou les artistes ne seront pas respectés pour leur travail, tant qu’on arrêtera pas de les traiter comme des produits marketing. Il n’y a pas de mal à vendre des millions de disques, tant que ce résultat est causé par le talent et la personnalité de l’artiste, et non grâce à une stratégie marketing…

Que penses-tu de cette mode stupide de dire “this is gay” pour n’importe quelle raison ?

Je n’aime pas du tout cela. Les gens devraient réfléchir à ce qu’ils disent avant de l’ouvrir. Il y a pas mal de bouquins et d’articles qui traitent de la façon dont on utilise le langage. Il suffit de se renseigner et de les lire. Je n’en dirai pas plus à ce sujet.

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Récemment, les KIDS ON TV ont eu pas mal de problèmes avec MySpace. Vous les avez soutenus dans leur démarche et leur combat contre le site, demandant certaines modifications dans les conditions d’utilisation. Qu’en est-il aujourd’hui ?

À cause de la pression que nous avons pu exercer par le biais de notre mailing-list et d’articles que nous avons largement diffusé, nous avons pu obtenir la réinstallation de la page des KIDS ON TV par MySpace. En revanche, nous ne savons toujours pas pourquoi celle-ci a été supprimée (ni réinstallée d’ailleurs… Nous n’avons pas réussi à obtenir une explication correcte de la part des administrateurs du site).
Cependant, grâce au débat que nous avons pu susciter, nous savons désormais qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure, et pas seulement avec les artistes gay et lesbiens mais avec tous les utilisateurs du site en général : comment et jusqu’où des compagnies comme MySpace doivent ou ont un droit de regard sur les pages générées par leurs utilisateurs ? Non seulement nous demandons que certaines clauses soient changées dans les conditions d’utilisation, mais nous réclamons également une meilleure information sur les raisons qui pourraient provoquer une suppression de pages et nous exigeons que les utilisateurs soient prévenus avant que cela se produise, afin que ceux-ci puissent réfléchir plus en profondeur au contenu de leur page.
Nous avons démarré cette discussion avec des artistes gays et lesbiens parce que nous sentions que la censure à leur égard était plus présente. Si tel est véritablement le cas (mais sans explication de la part de MySpace, comment réellement savoir ?), nous nous devons de combattre cet état de fait (les gens issus de la scène queer qui subissent cette discrimination, mais également tous les autres). Si ce n’est pas le cas, dans ce cas nous devons le supporter tant bien que mal. Dans tous les cas, faites bien attention aux conditions générales d’utilisation de MySpace. Il y a plein de petits détails étranges et pas qu’en rapport avec un contenu sexuellement orienté.

Passons aux questions qui n’ont rien à voir. À quoi ressemble un beat queer ?

Bonne question. En ce qui me concerne, ce beat doit atteindre mon cœur. Puis mon corps (pour me faire danser) et ma tête (pour me faire réfléchir). Les meilleurs beats queers font les 3 à la fois. Ils peuvent être faits de guitares vrombissantes ou de bruits synthétiques. Il n’y a pas de style défini à proprement parler. Cela doit être un beat original produit par des gens cools. Il ne devrait pas être pensé dans un but lucratif ou commercial. En fait, il y a plein de beats queers différents, il suffit juste de trouver celui qui nous sied le mieux.

Queerbeat est en contact avec des artistes ou groupes Français ?

Nous avons accueilli à Munich des artistes tells que NOUVELLE VAGUE, COLDER, KATERINE, TAHITI 80… Mais il n’y a pas vraiment d’échange ou d’interactions avec la scène musicale allemande, donc c’est un peu difficile parfois… Sinon, j’ai vu BIRDY NAM NAM sur scène aux Transmusicales et j’ai trouvé ça intéressant, original, envoûtant. Puis j’aime beaucoup VALE POHER et d’autres, comme la MANO NEGRA, les BERURIERS NOIRS, DYONISOS… Ah oui, j’ai aussi tous les disques de Serge Gainsbourg…

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Joerg

Meilleur personnage gay de série télé ?

David Fisher dans Six Feet Under.

Meilleur et pire groupe avec qui vous avez travaillé au sein de Queerbeat ?

Pour le pire, c’est facile : OCEAN COLOUR SCENE. J’ai dû m’occuper de leur promo à l’époque où je bossais pour leur agent. De la grosse merde.
Les meilleurs : tous les groupes de chez Queerbeat.

Dis une chose gentille et une chose méchante à propos de chaque personne travaillant chez Queerbeat…

Je n’ai rien de méchant à dire sur notre collectif. Parfois il est effectivement difficile de tomber d’accord. D’un autre côté, tant que le capitalisme existera, je pense qu’il est difficile qu’un véritable collectif puisse exister. Néanmoins, nous nous respectons mutuellement et assez pour ne pas faire n’importe quoi.

Ta blague préférée ?

Je n’aime pas les blagues. Peut-être parce que je ne m’en souviens jamais…

Ta blague queer préférée ?

Haha je n’en connais pas non plus… Si j’en entendais une, là maintenant, je pense que ça me ferait rire. C’est bon de ne pas trop se prendre au sérieux. C’est d’ailleurs pour ça que j’apprécie énormément les comics de Ralf Köng.

L’émo de la fin ?

Merci pour ces quelques questions et l’intérêt que tu nous portes. Intéressez-vous aux groupes étranges et bizarres, aux gens étranges et bizarres, aux attitudes étranges et bizarres. Foutez-vous des minorités et n’essayez pas d’intégrer ce que l’on vous rabâche à longueur de journée. Trouvez votre propre voie et agissez !

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Thomas & Matze


www.queerbeat.de

mardi, mars 20, 2007

Interview - LA FACE CACHEE

Il y a des endroits qui te font aimer une ville. Qui t'empêche de la quitter ou qui t'encourage à y rester. La Face Cachée en fait incontestablement partie. Je n'étais pas encore installé à Metz quand Romain me parla pour la première fois d'un nouveau disquaire, situé rue des Allemands. J'ai mis une semaine avant de pouvoir franchir le pas de sa porte. Médé est depuis devenu un copain, quelqu'un qui compte pour moi, à qui je rends visite 1, 2, 10 fois par semaine. Un type passionnant et passionné, avec et chez qui on se sent bien. Je ne compte plus les apéros débridés, les moments de franche rigolade et les débats houleux sur tout et rien.

Petit hommage par le biais de cette modeste interview.

Voyageur / voyageuse, si le destin t'amène jusqu'à notre antique Cité d'Austrasie, le refuge, du bon son, des sourires et quelques liquides euphorisants tu trouveras en ces lieux bercés de décibels.

www.la-face-cachee.com

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Peux-tu décliner ton identité ?

Médéric Keble, 31 ans et en pleine forme

Pourrais-tu me détailler ton parcours personnel et m’expliquer les raisons qui t’ont amené à prendre la décision d’ouvrir un record shop ?

Un parcours assez bizarre. Les études pour commencer : de DEUG à DESS en ingénierie physique et mécanique, puis une année de voyage pour continuer et finalement près de 2 ans dans divers Instituts de recherche. Sûrement la période la plus ennuyeuse de ma vie… En parallèle, je traînais depuis longtemps dans le milieu des foires aux disques et des disquaires, je vendais en tant qu’amateur. Après quelques collaborations avec d’autres vendeurs, je me suis lancé en 2004 en solo pour ouvrir « La Face Cachée ». Enfin un défi intéressant…

Quelles ont été les difficultés rencontrées à l’époque ? Comment as-tu constitué ton premier stock de disque ? Je crois me rappeler que tu y as injecté une partie de ta collection personnelle… N’as-tu pas eu ce sentiment dérangeant d’un sacrifice peut-être un peu trop dur à assumer ?

Le départ a été assez difficile financièrement. J’ai effectué un prêt pour pouvoir aménager le local et payer tous les faux frais d’ouverture d’un magasin. J’avais déjà un apport assez important en disques car j’en avais accumulé plus de 5 000 en dix ans… À l’heure actuelle, ma collection perso ne doit pas dépasser les 400 disques. Après, je relativise : ce que je n’ai pas pu garder, je peux l’écouter au magasin (il faut bien qu’il y ait quelques avantages)…

Quelles sont les difficultés actuelles (taxes, public, etc.) ?

Les mêmes que pour tout commerce indépendant, quelle que soit son activité : le développement de la vente par correspondance, ce qui incite les gens à rester chez eux pour commander ce dont ils ont envie, et les charges sociales ou charges indirectes, qui elles, ne baissent pas.

Pourquoi Metz et pas une autre ville ? As-tu conscience d’avoir complètement écrasé la concurrence en un peu plus de deux ans d’existence ? D’ailleurs, quel rapport entretiens-tu avec les ex et actuels vendeurs de musique de la ville ? Il me semble que certains viennent trouver l’inspiration dans tes bacs…

Metz, naturellement. J’y suis très attaché. J’y ai grandi, voilà tout.
En ce qui concerne les autres magasins indépendants, ce sont plus des collègues que des concurrents et chacun de nous a sa façon de voir les choses. Il est évident que l’on aime savoir ce qui se passe chez le voisin, les relations entre nous ne sont pas mauvaises et ça ne va pas beaucoup plus loin que ça… Juste un clin d’œil pour Jean-Philippe de CD Mania (fermé depuis 2 ans) qui est un très bon copain, un véritable amoureux du vinyle…

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D’ailleurs, pourquoi le vinyle (même si la réponse me paraît évidente, je te la pose quand même) ?

De la chaleur, de la personnalité, de l’élégance, et du son… Rien à voir avec un bout de ferraille de 10 sur 10 enfermé dans sa cage en plastique. C’est un peu comme si tu comparais une toile de maître et sa vague réplique sur une carte postale achetée à la sauvette dans une boutique souvenir.

Quelle est ta politique concernant le magasin ? La considères-tu comme juste ?

Je fais de mon mieux pour qu’elle le soit, j’espère que tout le monde y trouve son compte en venant ici. J’essaie de répercuter un maximum d’opé de label afin de compenser le prix excessif de certains disques ou certains labels.

Comment se déroule une journée type à La Face Cachée ? Le pourcentage de tarés que tu vois défiler en une après-midi ?

Elle se passe tranquillement. Je vois plus de passionnés que de tarés, heureusement. Il n’y a pas vraiment de journée type, elles sont toutes différentes les unes des autres, cela dépend des gens qui viennent.

Tu participes également à des foires en plus de tenir le magasin. Peux-tu m’en dire un peu plus, tes motivations et ce que cela implique dans la gestion de La Face Cachée ?

Les foires représentent un gros point : on y rencontre des gens, des labels parfois, on se fait connaître. Cela implique une grosse gestion effectivement car on déplace entre 1 500 et 2 500 disques à chaque fois… C’est assez fatiguant mais toujours très intéressant.

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As-tu conscience que ton magasin est un lieu capable de fédérer les énergies créatrices de la ville et qu’il a vu naître bon nombre de projets aujourd’hui concrétisés ?

Depuis l’ouverture, j’ai vu des gens se rencontrer au magasin, développer des projets ensemble. Je ne m’y attendais pas du tout, je trouve ça très enthousiasmant, ça veut dire qu’il y a encore des gens motivés pour aller de l’avant…

Dans la même veine, comment participes-tu à cette dynamique créatrice ? Peux-tu me détailler ta participation à la vie musicale et associative locale ?

C’est très simple, ça me fait toujours plaisir d’être sollicité pour aider les associations ou les potes qui font bouger la vie culturelle messine, donc j’essaie de répondre présent le plus souvent possible.

Qu’aurais-tu fait si tu n’avais pas eu l’idée d’ouvrir le magasin ? T’imagines-tu vivre autrement ? Où te vois-tu dans 10 ans ?

Je ne sais pas de trop, tout ce que je peux te dire, c’est que ma vie aurait certainement été plus monotone. À l’heure actuelle, je ne vois pas faire autre chose. Quant à l’avenir, on verra bien.

As-tu hâte que l’été arrive pour reprendre les barbecues en pleine rue ?


Tu m’étonnes ! Un bon printemps suffira…

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Parle-moi un peu de tes virées nocturnes en ville et de la préparation physique que cela implique. Je pense en particulier aux apéros quotidiens organisés dans le magasin…

Écoute, je ne fais pas de préparation spéciale… Tout se fait toujours à l’arrache avec les copains qui sont là. Et pour les virées, c’est un peu pareil : je me laisse toujours entraîner et j’adore ça. Ce qui est sûr, c’est que je vais pas tenir 10 ans comme ça, il va falloir un jour que je me calme un peu (et toi aussi !)

Comment vois-tu le magasin évoluer dans le temps ? Plus de CD ? Plus d’espace ? Plus de styles musicaux différents ?

Je ne sais pas de trop, tout se fait petit à petit. En ce moment c’est le développement du site du magasin et de la section de Régis Hardsonic (tech, gabber, etc.) qui sont au programme. Après on verra…

La playlist actuelle du magasin ?

Quelques LPs qui passent souvent en ce moment :
-THE REZILLOS - Can’t Stand The Rezillos,
-ANDROMEDA,
-NAS - Hip Hop Is Dead,
-T REX - 20th Century,
-DWARVES - Dwarves Must Die,
-SCREAMIN JAY HAWKINS - At Home With,
-La compile BIP de chez Born Bad.

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Ta playlist personnelle ?

Toujours les mêmes :
-Entertainment des GANG OF FOUR,
-Pink Flag de WIRE,
-Black Monk Time des MONKS,
-Psychedelic Jungle des CRAMPS,
-Hypnotized des UNDERTONES,
-etc.

2/3 anecdotes marrantes liées au magasin à raconter ?


Juste une alors ! Un mec passionné de Farmer s’est pointé un jour au mag’ et est reparti tout de suite car il a eu peur des gars qui étaient en train de fouiller les bacs punks. Il est revenu me dire quelque temps après que mon magasin n’était pas un lieu sur… et que je devais faire attention !

Ta vanne préférée ?

Je les oublie tout le temps, je ne suis pas très bon raconteur de blague…

L’emo de la fin ?

Que la fête continue !

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jeudi, mars 08, 2007

Interview - DR GEO

A quoi ça sert de faire un zine ou un blog si on peut pas donner la parole à ses potes et potesses ? Ci-dessous quelques mots de mon gars Geo, musicien talentueux et drôle, lunaire et multi facettes. Comme sa musique. Par contre, on a pas abordé le sujet du Marche Club car, comme chacun sait, la première règle du Marche Club…

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Qui es-tu ?

Geoffrey Lolli aka Dr Geo aka Geo pour les intimes, simple musicien de la Vallée de l'Orne qui essaie de faire de la zik sans trop se fixer de barrières.

Pourrais-tu me résumer le cheminement qui t’a conduit jusqu’à ce premier album d’OMNIBUS ? Projet de longue date, soudaine pulsion créatrice, hasard, calcul ?

En fait, ce projet est étroitement lié à la « fin » de PULSAR73 qui tournait de moins en moins. En 2005, je décide d'organiser une série de concerts à l'Élixir Café à Metz (un des derniers cafés-concerts résistants) autour de vieilles compositions mais où des musiciens différents m'accompagneraient à chaque représentation, la couleur des morceaux évoluant ainsi en fonction du feeling de chaque musicien.
Il y a eu quasiment un concert par mois pendant un an. Ça a été le début de cette histoire. J'ai donc essayé de recycler le concept pour l'enregistrement.

Par quoi ou qui as-tu été influencé dans la composition même de ce disque ? T’es-tu référé à d’autres œuvres (je pense au solo de Thom Yorke, notamment, ou à la musique d’American Beauty) ?

Je voulais avant tout que ce disque sonne très folkish, d'où l'abondance des guitares acoustiques et du sitar, mais aussi très varié, d'où l'apport d'autres instruments électroniques. C'est bizarre que tu parles de la musique d'American Beauty car celle-ci m'a énormément touché et je n'en avais jamais parlé à personne ! D'autres BO m'ont clairement influencé, je pense notamment à celle de 21 Grams qui est somptueuse.
Au niveau des musiciens qui m'auraient influencé pour ce disque ? Je pense à DEVENDRA BANHEART, THE HOLY CHILDHOOD, GRANDADDY ou encore HOOD.

Ton album est un disque collégial. Pourquoi réunir toutes ses personnes en particulier ? Penses-tu que ton disque aurait été différent sans les interventions de chacun ?

Plus que des amis proches, les personnes qui ont participé à ce disque sont avant tout des musiciens pour qui j'ai le plus grand respect. J'aurais voulu en inviter d'autres mais j'ai manqué de temps et de moyens. Le disque aurait clairement été différent sans leurs apports car, plus qu'une diversité, ils « exportent » en quelque sorte leur « monde » dans le mien. C'est une expérience que je réitérerai sans hésiter.

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D’ailleurs, peux-tu expliciter ce qui se cache derrière OMNIBUS, ainsi que ton pseudo, Dr Geo ? Vois-tu ce disque comme un laboratoire pour tes expérimentations ?

« Omnibus » est un mot latin qui signifie « pour tous ». Cela fait référence à la série de concerts initiaux avec musiciens tournants. Un groupe ouvert à tout musicien qui s'y intéresse, en quelque sorte.
Plus que le disque, ma conception de la musique entière est basée sur la recherche sonore. Lorsque que j'ai un son en tête, je suis capable de dépenser des sommes folles jusqu'à trouver l'instrument qui sera capable de le réaliser. C'est en étant chez moi au milieu de mes synthés et autres machines que j'ai décidé d'opter pour le préfixe « docteur »… Mais il faut le voir plutôt dans le sens « chercheur ».

Après avoir un peu « boudé » la scène DIY, tu y reviens en marquant clairement de quel côté se situe ton disque. Pourrais-tu m’expliquer cela ? Est-ce, selon toi, une évolution positive, négative ? De la maturité ? Un renoncement ? Une révélation ?

Ah non ! Tu ne peux pas dire ça ! J'ai toujours eu un profond respect pour la scène DIY. Maintenant, si tu fais allusion à ma collaboration avec Le Kit Corp ou à mes orientations scéniques avec PULSAR73, je ne suis ou n'étais pas seul au sein de ces projets et je respecte toujours les aspirations de chacun sans pour autant renier mes principes. Un groupe, pour moi, fonctionne selon un principe démocratique… En tout cas, je ne me suis jamais mis de barrières, je cherche juste à écrire de bons morceaux… Pour le reste, je vois après !

Parle-moi également de ta collaboration avec Le Kit. Pourquoi eux et pas une autre entité ?

On joue ensemble, on sort des disques ensemble, on fait la tournée des bars ensemble… C'est avant tout une aventure humaine, voilà pourquoi eux et pas un autre collectif.

J’aime bien le titre. Pourrais-tu l’expliquer ou l’expliciter ? Quelle place tient le végétarisme dans ta vie ?

Le titre est en fait « Crooner For Cows » et fait référence à un des premiers titres que j'ai enregistré avec ALL, IT FEELS… 101 : I Wish I Was A Crooner, un titre important pour moi. C’est une façon de boucler la boucle avec ce disque.
« Vegetarism Is A Good Way To Become A Crooner For Cows » est le premier morceau du disque, le premier que j'ai enregistré aussi, ça a été l'impulsion. Un soir, je traîne dans un champ et me mets à chanter devant une ou deux vaches, à la fin j'étais entouré d'une cinquantaine de vaches, toutes très calmes… Je me suis dit que c'était peut-être parce que je n'en mangeais pas… Le végétarisme est pour moi avant tout une quête personnelle pour accéder à une sérénité spirituelle, c'est un peu ce que j'essaie d'aborder dans ce morceau, en faisant un parallèle avec la musique.

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Dans l’insert, tu t’adresses une question (« peut-être est-il trop tard ? »). À l’heure actuelle, y as-tu trouvé une réponse ? Si oui, laquelle ?

C'est en rapport avec cette quête spirituelle musicale… Je perds la foi parfois…

Tu affirmes que ce disque est « le disque de l’échec ». Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi. D’une part, c’est un retour aux sources (bricolage, DIY). D’autre part, c’est ton premier disque solo, tu as enfin pu avoir un contrôle total sur la composition et l’enregistrement, le confort du temps et de la réflexion, etc. Connaissant ton optimisme forcené et ton amour du travail dictatorial bien fait, cette affirmation m’étonne donc quelque peu…

Avant tout, ce n’est pas mon premier essai en solo ! J'ai déjà pondu un premier disque DIY en 2000 (tu y avais participé en plus… remember ?), puis début 2006 j'ai enregistré un 6 titres sorti par Le Kit Corporation sous licence Creative Commons (www.lekit.net). C'est vrai que pour ce disque j'ai bénéficié de meilleures conditions grâce à mon mini home studio… Mais cette perte de foi dont je parlais a été mon leitmotiv pendant tout l'enregistrement… Je l'ai fait un peu en imaginant que c'était mon dernier disque.

D’ailleurs, quel est le feeling général des textes et les sujets abordés ? Pourquoi ne pas les avoir inclus dans l’insert ?

Pas les moyens d'inclure 17 textes dans l'insert… Au niveau du feeling général des lyrics, beaucoup tournent autour de l'échec, bien sûr, ou du désespoir, mais en général c'est une espèce de bilan sur mes expériences passées, bref un truc assez personnel auquel s'ajoutent des textes plus légers, voire complètement décalés, comme sur The Story Of Robots ou 4 Stars.

Je parlais d’expérimentations et de laboratoire dans une de mes questions précédentes. Si on doit prendre ce disque comme un essai, que pouvons-nous espérer à l’avenir ? Y a-t-il une suite de prévue ? Un remake ?

Il y aura peut-être d'autres disques, j'ai d'ailleurs quelques idées pour la suite… Un truc avec des sons très organiques ou alors une espèce de BO justement… En tout cas, quelque chose de très différent. Mais je vais avant tout écrire un peu pour quelques amis.

Ca donne quoi, tous tes autres projets musicaux ? En es-tu satisfait ?

LE KIT MODULAIRE, électro en tout genre, un peu en stand by en ce moment. ORANGE BROWN, un pur projet électropop… Un disque en cours d'enregistrement. Un nouveau groupe sans nom encore qui s'oriente vers un rock très noisy avec d'anciens comparses… Voilà pour mes projets ! J'avoue que j'ai hâte de promouvoir le LP d’ORANGE BROWN, mais surtout de faire du live avec ce nouveau groupe sans nom !

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En dehors de la musique, que fais-tu dans la vie ? Parle-moi un peu de ta fierté d’être né dans le berceau de la sidérurgie mosellane.

En ce moment, je suis un peu en quête de ma « légende personnelle »… Bref, je me cherche un avenir ! Sinon la musique (en général) représente 90 % de mes loisirs, alors à part quelques balades en forêt ou soirées entre amis, je passe mon temps avec un instrument dans les mains ! Le berceau sidérurgique mosellan ? Chez moi on est ouvrier de père en fils, alors c'est difficile d'échapper à sa condition et au folklore qui l'accompagne ! Mais c'est vrai que je suis assez fier d'être originaire de la Vallée de l'Orne, il y a là une tradition musicale assez forte et profonde… Tu sais de quoi je parle !

C’est quoi, ton rêve du moment ?

4 mètres sur 4 complètement insonorisés… Mon futur studio ! Je ne suis pas si exigeant !

Végétarien pour la vie ?

Assurément.

Ta playlist de DJ ?

DJ ? En soirée ? AT THE DRIVE IN suivi d'un ROOTS MANUVA et La Dame De Haute Savoie de CABREL pour finir…

Ta vanne favorite ?

Toi en prof de TSA…

L’emo de la fin ?

MINERAL… Gloria sur « The Power Of Failing »
Merci à toi.

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Pour écouter : www.myspace.com/geothedoctor

jeudi, février 01, 2007

Interview - KENxPARK

Hardcore for the hardcore. KENxPARK milite pour une approche positive de NEGATIVE APPROACH. Mélodies entêtantes sur lit de rythmiques hargneuses, chant rauque et textes poignants. La forme bute, le fond s'y accorde, le tout donnant à réfléchir. Meilleur groupe Français dans le genre ? Suis pas loin de le penser... Bon, interview réalisée en 2006 après quelques jours passés en leur compagnie, leur LP est depuis peu dispo dans toutes les bonnes crèmeries punk. Get it NOW.

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Qui est Ken Park ? Dans quelles circonstances vous êtes-vous rencontrés ? Qu’est-ce qui fait que vous resterez Ken Park jusqu’à la mort ?

Guillaume : La formation définitive, à quatre, date d’octobre 2004, donc on a soufflé notre deuxième bougie il n’y a pas si longtemps. J’avais proposé à Félix, alors orphelin de groupe, de faire un groupe de HxC à l’ancienne, chose que nous avons débuté lui et moi (batterie/guitare) pendant un mois. Gunther (chant) est passé à une de nos répètes et il a tout de suite accroché. Quant à Sylvain (basse & chœurs), Gunther et moi avions déjà joué avec lui, donc il nous a tout naturellement rejoints.
Félix je le connais depuis dix ans, on s’est rencontré aux concerts punks stéphanois de l’époque. Sylvain et Gunther, je les ai rencontrés lorsqu’ils jouaient dans Twist, il y a quatre ans environ, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de partir jouer avec eux, je me souviens que lors d’une tournée on avait eu une discussion avec Gunther, genre deux ans avant KEN PARK, où l’on se disait que ça serait cool de faire un groupe de HxC 80’s. Discussion durant laquelle on jouait à sauter d’un trottoir avec des guitares invisibles… Old school quoi !!!
Je ne pense pas qu’on restera KEN PARK jusqu’à la mort.

Pourquoi Ken Park et pas Bully ou Another Day In Paradise ? Qui sont les cinéphiles du groupe ?

Guillaume : Nous avons fait notre premier concert en décembre 2004 à Saint-Etienne, donc entre octobre et décembre notre seul et unique but fut de trouver un nom. De plus, la date du concert approchant, il fallait vraiment trouver. Je t‘épargne la liste pharaonique des noms nazes successivement proposés… En fait si, je t’en donne juste un : X HANGOVER X… Pour les gens aussi balaises que moi en anglais, je te le traduis : X GUEULE DE BOIS X… Tu noteras les « X » qui accompagnent cette brillante suggestion faite dans un bar après une répète, mais surtout faite après l’absorption d’une certaine quantité de bière.
C’est lors de l’ultime répétition, avant l’expiration du délai pour filer un nom à l’organisateur du concert, que Félix nous rappela la première idée : KEN PARK. Je trouvais que ça sonnait plutôt bien, même si, comme Sylvain, j’ai dû me contenter des explications des deux autres quand au contenu du film que lui et moi avons fini par voir quelques mois après. Donc c’est dans l’urgence que ce nom fut adopté, disons que c’était le moins pire. Maintenant, je trouve que c’était un bon choix et que ça sonne plutôt pas mal.
Je ne suis pas cinéphile, loin de là. Mais je ne crache pas sur un bon Retour Vers Le Futur ni sur un bon Rocky, je suis fan. D’ailleurs le sixième doit sortir en janvier 2007, vivement… Adriennnnnnnnnnne… !!!

Saint-Etienne, ville rêvée pour faire du Noyau Dur Vieille École ?

Guillaume : Depuis quelques années, il y a de plus en plus de groupes punk imprégnés de Hardcore Oldschool. Lorsque ceux-ci sont ricains, ça parait presque normal, vu que ça vient du pays du « rêve américain » justement, mais l’Europe n’est pas en reste si tu te tournes vers les prods de Kick‘n’Punch au Danemark, par exemple, ou même ici en France avec FACE UP TO IT !, YOUSSOUF TODAY, STRONG AS TEN…, soit des groupes de Oldschool pur et dur, soit des groupes de HxC rapide bien old school.
On revient à la base de la chose : les gens ont peut-être envie de retrouver l’engouement et l’euphorie qui ont accompagné les premières heures de ce style de musique. Mais loin de moi l’idée d’idéaliser le HxC 80’s. Quand je mate des vidéos d’époque, j’ai pas toujours envie de me retrouver devant le groupe à me faire manchonner la gueule par exemple.
À Saint-Etienne, la tendance est plutôt tournée vers le crust. Même si la programmation est variée, le style de musique qui revient et qui motive le plus souvent les punks locaux lors des concerts, c’est plutôt ça. Lorsque tu as la chance de partir jouer ailleurs et de rencontrer des gens qui te disent « Ouais Sainté c’est une ville crust, y a plein de crusts, etc. », ben ça me fait sourire, parce que je pense qu’avec une main tu as trop de doigts pour compter les crust stéphanois…
J’avoue que c’est agréable de prendre un peu le contre-pied en faisant ici un groupe de HxC, mais je pense pas que ce soit plus ou moins difficile de le faire ici ou ailleurs, il faut juste suivre ses envies. Alors, qu’elles te poussent à faire du crust, du hip hop, du punk, du HxC ou de la pop, fais-le… DIY !!!

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Quand j’ai découvert votre 7’ pour la première fois, je me suis dit : « Putain, enfin un groupe qui relève le piètre niveau du Hardcore en France ». Quelles ont été les réactions à sa sortie ?

Guillaume : Merci. Le Do It Yourself ! Ep est sorti en décembre 2005 et, quatre ou cinq mois après, il était épuisé. On l’a enregistré trois mois après notre formation ; quand j’y jette une oreille, je suis assez content du résultat, même si quand tu réécoutes un disque sur lequel tu joues tu as toujours tendance à lui trouver mille défauts.
Et je dois bien reconnaître qu’enregistrer, je suis loin de trouver ça agréable et qu’il est, je trouve, super difficile de retranscrire l’énergie que tu peux avoir sur scène. J’apprécie d'écouter les morceaux une fois l’enregistrement, le mixage et le mastering bouclés, mais les concerts restent de loin la chose la plus motivante.
On a bien galéré pour faire presser le Ep, les termes techniques en anglais sur les messages et le site des Tchèques, c’était que du bonheur… J’aurais peut-être du moins sauter les cours d’anglais au lycée, mais je serais beaucoup moins bon au baby-foot aujourd’hui. Il faut faire des choix dans la vie.
Pour info : sylvain a retrouvé 20 Ep… Donc il n’est pas totalement épuisé.

Les textes me touchent beaucoup. Cash tout en étant drôles et sérieux à la fois. Gunther, quel est ton état d’esprit au moment d’écrire sur un sujet ? Pour toi, c’est un véhicule d’émotion, un truc purement artistique (narratif) ou un appel à la révolte ?

Gunther : Le texte d'une chanson peut véhiculer des milliers de choses. Ça peut être de l'humour, de la tristesse, de la colère ou de la joie. Pour ma part, j'essaie de parler de la vie de tous les jours. En revanche, il est vrai que ce qui m'a plu en premier dans le punk c'était de pouvoir cracher sur tout ce que je détestais et ça imprègne encore mes textes aujourd'hui. J'ai plus souvent la rage que le sourire aux lèvres donc il faut que ça sorte. Cependant, je suis toujours partant pour essayer de faire un texte drôle ou sur des sujets qui sortent des standards punks.

« Le bruit des pantoufles est parfois plus effrayant que le bruit des bottes. » Comment ça se passe à Sainté concernant la politique sécuritaire ? On cleane les quartiers, on éloigne les clodos, on gentrifie, on surveille de plus en plus ?

Gunther : La politique affichée de la ville de Saint-Etienne est d'augmenter le prix des loyers. On est bel est bien dans une politique de gentrification. La particularité de Saint-Etienne est qu'il n'y a pas de centre ville bourgeois, même le collège du centre ville est classé en ZEP… Tous les quartiers populaires du centre ville sont donc directement touchés par cette politique qui cherche à virer, ou du moins à éloigner du centre, les populations dites « à risques » telles que les populations immigrées, les prolos, etc. La mairie a investi beaucoup dans des travaux de rénovation afin de redorer l'image de la ville. Ils ont également construit une cité du design afin de se tourner vers l'avenir, mais pour se faire omettent complètement le passé minier et le présent populaire de Saint-Etienne. Pour atteindre son but, la mairie a bien évidemment opté pour une politique sécuritaire : le centre ville est quasi entièrement vidéo surveillé, la police municipale est armée… Cependant, derrière les façades repeintes du centre ville, la misère reste la même.

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Je trouve que le punk rock aujourd’hui est devenu autosuffisant (plutôt qu’autogéré) et se regarde un peu trop le nombril. C’est peut-être ça aussi le « bruit des pantoufles » : on glose pendant des heures sur ce qui est punk ou pas en oubliant consciemment de se préoccuper des véritables problèmes, ceux qui existent « en dehors de la scène ». À part mettre des baffes, y’aurait quoi à faire pour recentrer nos priorités ?

Gunther : Beaucoup de gens dans la scène punk sont en dehors du quotidien de la majorité de la population. On arrive à des comportements très prétentieux, parfois nombrilistes. Beaucoup de gens pensent qu'être punk est un acte militant alors que c'est faux, il y a énormément d'autres milieux qui fonctionnent de manière indépendante et DIY comme nous. On peut hypothéquer des siècles sur la révolution, je pense qu'il est utile de se battre au quotidien et de ne pas attendre le grand soir pour se la bouger. Il y a combien de punks dans les manifs de salariés ? Il est très important de défendre les acquis sociaux car nous en profitons tous. Je n'ai pas envie que la situation pourrisse encore plus. Je suis dans une optique de guerre des classes et je pense que la classe ouvrière est loin d'être en situation de force, donc il faut se battre. Personnellement, je trouve ça beaucoup plus important que ce qui préoccupe le microcosme punk.

Comment s’exprime votre militantisme au sein et en dehors de la scène punk ?

Guillaume : Je suis végétarien depuis six ans, ça a vraiment beaucoup d’importance pour moi, mais dans un pays comme la France ça n’est pas simple tous les jours, je vois vraiment ce choix comme un acte militant et politique.
Je déplore depuis quelque temps un nombre malheureusement décroissant de personnes végétariennes dans mon entourage, faut croire que c’est moins à la mode dans la scène en ce moment…
Je fais des fanzines (Full Of Shit - RIP) qui, je dois bien le reconnaître, sont quasiment et exclusivement axés sur la musique mais qui donnent la possibilité aux groupes de s’exprimer. D’ailleurs j’en prépare un nouveau pour fin 2006, Clone Zine, qui devrait faire une quarantaine de pages A4 avec historique ou interview de Kick‘n’Punch, EREVAN, Dischord, FACE UP TO IT !, NEGATIVE APPROACH, BLACK FLAG, Bavardages, CUSTOMERS et STRONG AS TEN. Il y a quelques semaines, j’ai chopé un fanzine HxC où le gars dans l’édito te dit que son zine n’est pas la projection de propagande politique de quel bord que ce soit alors que, quelques pages plus loin, tu peux lire des trucs sur les scènes de DC, Boston et New York et apprendre que AGNOSTIC FRONT jouait avec des groupes skinhead ouvertement racistes. Après, je suis pas choqué, notamment parce que ça a eu lieu, donc libre à toi d’en parler dans ton zine, mais ce qui m’arrête, c’est l’absence de commentaire critiquant cet état de fait. Je pense que lorsque tu sors une publication de ce genre avec des gens interviewés, des textes, etc., ça véhicule forcément des idées. Je pense qu’il est super important d’en être conscient et je pense aussi qu’il est primordial que ces idées soient super claires et tranchées, surtout dans un milieu comme le nôtre.

Gunther : Pour ma part, je suis adhérent CNT, j'essaie d'être présent lors des actions, je me suis investi dans la lutte contre « la loi sur l'égalité des chances », plus connue sous le nom de « lutte anti-CPE ». Sinon, je surveille parfois la rue pour éviter que les nazillons ne s'y sentent à l'aise. Être militant ça ne veut pas dire être parfait, on est souvent au milieu de plein de paradoxes, mais ce n'est pas grave, il faut aller de l'avant.

Voyez-vous le DIY comme de la masturbation pour les jeunes en mal de rébellion ? Est-ce qu’aujourd’hui en France « DIY » rime avec « cheap » ? Vu qu’on a eu des discussions là-dessus en live, j’aimerais avoir votre avis sur papier, pis la façon dont vous fonctionnez pour organiser des concerts sur Zombri, tout ça…

Guillaume : Le DIY/No Profit est le seul et unique moyen qui permet au punk rock d’avoir une existence et une diffusion qui collent à 100 % aux idéaux qu’il véhicule. Les gens qui pensent faire du punk rock en étant sur une major, en vivant de leur musique, sont complètement à côté de la plaque. Tu te vois faire des morceaux anticapitalistes et gagner de la thune ? Tu te vois faire un groupe de punk rock et aller jouer pour les soldats ricains en Irak ? Tu te vois faire l’anarchiste sur scène et inciter les gens au vote ? Mais, malheureusement, le DIY passe un peu trop souvent à mon goût pour une belle utopie : parfois lorsque tu pars jouer tu mates l’affiche qui annonce le concert, tu vois un gros DO IT YOURSELF dessus, puis tu vois l’accueil qu’on te réserve, t’as un peu les boules. Avoir de belles idées, c’est facile, les mettre en pratique s’avère souvent beaucoup plus compliqué… Quand tu vois qu’en Pologne les gens qui organisent des concerts arrivent à te filer plus de thune que certaines assos pour lesquelles on a joué en France, tu en arrives à te poser certaines questions. Et quand je parle de thune, c’est bien sûr uniquement de défraiement.
Mais je dois bien reconnaître que la plupart du temps, l’accueil et les concerts se passent bien. Et que ce milieu est plus souvent motivant que le contraire.

Gunther : Beaucoup d'organisateurs abusent, ils ne sont pas obligés d'organiser des concerts. Le plus souvent, les groupes supportent à eux seuls le risque qu'il n'y ait personne à la soirée. J'ai jamais gagné un centime en jouant ou en organisant des concerts et, malheureusement, j'en ai souvent perdu. Lorsqu'on organise des concerts à Montbrison, on défraie toujours les groupes, quitte a ce que nous-mêmes nous perdions de la thune. Ailleurs, il y a peu d'endroits où ça se passe comme ça. Le plus drôle, c'est que les punks se disent militants. Commençons par assurer le minimum, pour l'instant le DIY est un concept vide accaparé par des connards incompétents qui te font la morale. Beaucoup crachent sur des groupes ou des assos qui essaient de se professionnaliser. Pourtant, dans leur mode de fonctionnement, ces gens agissent souvent de manière beaucoup plus sincère que les apôtres du DIY. Je ne compte même plus les fois où les mecs nous ont payé une misère, offert une bouffe plus qu'incorrecte et fait dormir dans des endroits dégueulasses ou même mon chien ferait la gueule… Je ne pense pas être une rock star en demandant un minimum de respect. Je dois l'admettre, ce milieu m'a déçu.

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Punk et foot, c’est compatible ? C’est quoi votre chant de supporter préféré ?

Guillaume : Je te répondrais « non », je sais que c’est un sujet sur lequel on est pas d’accord dans le groupe. J’ai écrit un texte là-dessus pour mon futur zine, alors plutôt que de développer mon argumentation, je vais carrément te filer le texte.
Allez, feu !

« OPIUM DU PEUPLE »
Ça fait quelque temps qu’une motivation incontrôlable d’écrire un texte sur le foot me taquine bien le clavier. De plus, j’ai la chance de côtoyer quelques supporters. Donc il m’arrive d’avoir des discussions à ce sujet.
Ce qui me fait d’emblée froid dans le dos, c’est que les gens qui se revendiquent anars ou d’extrême gauche avec toutes les idées anticapitalistes, antiracistes, etc. deviennent soudain beaucoup moins radicaux lorsqu’il s’agit de foot.
Un club de foot reste une entreprise, avec un président, des sponsors, du merchandising, des salariés, enfin, pour résumer, une bonne grosse machine capitaliste qu’apparemment il est assez légitime de supporter, sous prétexte qu’il incarne à lui seule l’histoire prolétaire de la ville dont on est originaire, laisse-moi rire. Mais, à côté de ça, on oublie pas que les multinationales restent les ennemis boycottables et boycottés de la cause.
Après, quand dans une discussion je me tape la comparaison entre les concerts punks et un match de foot, alors là, c’est l’apothéose, je n’irais pas, poussé par mon fanatisme, insulter, voire frapper un groupe qui me déplaît ou qui ne vient pas de Sainté lorsque je vais au concert, la thune que je file à l’entrée n’est sûrement pas ma petite contribution au salaire gargantuesque des musiciens et, si un jour il me prend l’envie d’être le musicien, rien ne m’empêche d’être sur scène avec mon groupe alors que je pense que le supporter lui a beaucoup plus de mal à se retrouver sur la pelouse à courir après la baballe avec les joueurs qu’il adule tant.
J’entends souvent aussi le fameux : « On n’est pas d’un pays, on est d’une ville ». Ok, je dis pas, mais si tu veux pousser le délire à son extrême : on n’est pas d’une ville, on est d’un quartier ; on n’est pas d’un quartier, on est d’un immeuble ; on n’est pas d’un immeuble, on est d’un appart’… En gros t’es tout seul et tous ceux qui n’ont pas ton vécu, ton histoire et les mêmes origines que toi sont tes ennemis… C’est vraiment super réjouissant.
On me bassine aussi avec le : « Y’a des groupes supporters anti-fa, c’est super bien ». Ouais, après tu te retrouves à supporter la même équipe que des fafs, t’as un point commun avec ces raclures, une seule équipe pour toutes les idées politiques, même les plus merdiques, c’est trop bien. Je pense qu’il y a plein de gens qui bossent au Mac Do qui sont contre le racisme, c’est pas ça qui va me motiver à aller y bouffer…
Le trip identitaire aussi, le « C’est mon club, c’est ma ville »… Ouais enfin je pense pas que tous les gars qui jouent dans un club soient tous originaires de la ville du dit-club, loin de là. J’en ai rien à foutre d’être de Sainté ou d’ailleurs, je suis loin d’en être fier, je suis né ici, je l’ai pas choisi. Je suis au RMI depuis 4 ans et je pense que ça aurait été beaucoup plus galère pour moi dans une ville beaucoup plus grande, avec des loyers beaucoup plus chers et un niveau de vie plus élevé. Donc beaucoup plus galère à Paris ou à Lyon. Cacedédie aux RMIstes des grandes villes, yo !
De plus, que ton club gagne ou pas un match ne changera rien aux soucis de ton existence, t’auras juste le plaisir d’oublier tes soucis le jour de la victoire et, avec un peu de chance, après le match tu pourras tomber sur 3 supporters du club adverse que tu pourras les éclater à l’aide de tes 10 potes… Comme ça tu pourras te faire pécho par les keufs, tu passeras pour un hooligan, tu gagneras ainsi tes galons de dingue au sein de ton groupe de supporters favori… Que du bonheur, quoi !
L’énergie déployée par tous ces types, je dis bien « types » parce que j’imagine que la proportion de meufs, même si je pense qu’il y en a, reste super infime, pourrait être utilisée à meilleur escient. On leur offre à la télé ou au stade une bonne petite guerre entre deux camps et ils foncent tête baissée soutenir avec haine et fierté leurs couleurs. Ben moi, ça me fait pas rêver, ça me donne plutôt la nausée… Yo !


Mon chant de supporter préféré, c’est un chant lyonnais anti-Stéphanois : « Emmenez-moi à Geoffroy Guichard, emmenez-moi au pays des bâtards, il me semble que la misère serait de supporter les verts… » Allez les verres, ouais !
J’admets que, pour certaines personnes, mon acharnement à m’investir ou à triper sur le punk rock soit une chose incompréhensible. Ben moi, une des choses que je trouve incompréhensible chez les autres, c’est d’être supporter (re-yo).

Gunther : Je suis fan de foot et il n’y a bien que dans la scène française qu’on te critique si t'aimes le ballon. Je pense que les punks italiens se posent même pas la question, il y a des milliards de raisons qui me poussent à aimer le foot, j'aime le jeu, le côté populaire, la tribune quand elle explose de joie ou de colère, c'est le sentiment de liesse qui est particulièrement grisant et je ne peux vivre ça nulle part ailleurs. Je peux rencontrer des gens intéressants car dans une tribune y'a des cons, mais y'a aussi des gars qui valent vraiment le coup, c'est un endroit de création de lien social. Après, j'en ai marre de me justifier sur tous les comportements de ma vie, c'est cool d'être irrationnel parfois, sinon on se ferait vraiment chier. Y'a plein d'activité de groupes que j'aime et qui ne sont pas punk ou qui ne collent pas à 100 % avec mes idéaux. Et alors ? Il faut bien s'amuser.
Je suis aussi assez fan du chant des Lyonnais car je suis fier d'être un bâtard, donc je trouve que c'est un hommage. Sinon j'aime bien les chants qui parlent de la mine et de Sainté. L'air des Corons de Pierre Bachelet : « Nous sommes nés dans le chaudron, nos pères des mineurs de fond, nous ont donné leur passion, Sainté pour toi nous chantons. »

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Pourquoi partir en tournée avec CHACHI ARCOLA et pas avec CELESTE ?

Guillaume : Parce que Thrash (chanteur de CHACHI ARCOLA), c’est notre manager-tourneur-chauffeur, qu’il est toujours en train de se plaindre mais qu’on l’aime bien… On a fait quatre tournées, la première avec BOOTER (Angers) en Espagne, la seconde avec PAVLOV (Montceaux) en France/Allemagne/Pologne et République tchèque, la troisième avec VITAMIN X (Hollande) en France et, enfin, la dernière avec CHACHI ARCOLA également en France. C’est agréable de partir avec des gens que tu connais bien et en qui tu as confiance, mais c’est aussi bien sympa de partir avec des gens avec qui tu te découvres des affinités au fur et à mesure que les jours passent. Pour l’instant ça s’est toujours bien passé, que l’on connaisse ou non les gens avec qui l’on partait. Sauf récemment, on a fait 3 dates avec HYACINTH… Non je déconne Flo, on s’est vraiment bien marré avec vous ! La bise aux HYACINTH.
Désolé mais, CELESTE, je suis pas sûr de savoir ce que c’est… C’est pas un groupe de Lyon ?

Gunther : Parce que CHACHI ils sont beaux et qu’en plus ce sont des Foréziens pur jus et pas des quenelles.

Vos projets ? Le 10’sort quand, où, comment ?

Guillaume : Notre LP (ça devait être un 10’au départ) devrait sortir en décembre 2006 en coprod avec WeeWee + Sclérose + B.U.R.T + Perpetual Movement + Rejuvenation + Embrace. Il est au pressage, enfin ! Les morceaux du EP + ceux du LP doivent également sortir en K7 sur Dead Kids, nouveau label lyonnais. On devrait filer les morceaux du EP pour une compile CD. Il devrait y avoir : DFI, OPERATION EAT SHIT, STRONG AS TEN, TRASHINGTON DC, YOUSSOUF TODAY et donc KEN PARK. En fait, ce projet consiste à mettre des morceaux sortis sur vinyle ou pas sortis du tout sur CD. On parle encore d’un split LP avec CUSTOMERS (80’s HxC/Paris), mais pour l’instant ce n’est qu’au stade de projet. Mais si des gens ont la motive de nous filer un coup de main, qu’ils nous fassent signe.
Une petite tournée est prévue en Italie pour fin 2006 ainsi qu’une seconde pour avril avec CUSTOMERS en France et en Allemagne. Puis PILOOPHAZ nous a proposé de faire un ou deux morceaux avec lui, ça me motive à fond, mais il faut qu’on se capte pour en reparler. On n’aura pas trop le temps de s’ennuyer…

Vous allez préparer un truc pour faire chier le public messin lors de votre futur passage dans la ville ? Vannes à la con, provoc’ footballistique ? Au fait, vous connaissez Fouad ?

Gunther : Si tu portes un maillot de l'OL tu peux toujours attendre pour que je joue, hi hi hi ! J'ai dû rencontrer Fouad dans un festival antifa en Suisse, mais je le connais pas plus que ça.

Guillaume : Non, mais je pourrais mettre un maillot de l’OL la prochaine fois qu’on jouera à Sainté, juste pour faire chier les autres. Qu’est ce que tu en dis ?

Votre vanne préférée ?

Guillaume : Ma vanne préférée ? C’est chaud ça, comme question. Je propose plutôt une boutade : c’est quoi la différence entre un hippie et un matelas ?
Réponse : pour sauter sur le hippie, t’as pas besoin d’enlever tes paraboots… J’suis sûr que tu la connaissais déjà…

Gunther : Mes vannes préférées sont toutes celles qui peuvent être racistes, sexistes et homophobes. Ça passe toujours mal donc ça me fait rire.

L’emo de la fin ?

Guillaume : Merci Flo pour cette interview, j’espère qu’on aura l’occasion de se recroiser. Pour plus d’infos : biscuitxpower@hotmail.com et www.myspace.com/kenXpark.
Keep punk DIY, yo !

Gunther : Merci pour l'interview.

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lundi, janvier 29, 2007

Interview - THE AUSTRASIAN GOAT

J'ai jamais entendu une musique aussi triste et belle à la fois. Bercé de mélancolie noire, trempant dans une violence sourde, le premier effort du Bouc d'Austrasie m'a véritablement laissé sur le carreau. Synthèse parfaite entre le son et l'histoire. Car THE AUSTRASIAN GOAT est bien plus qu'un simple projet de Black Metal / Funeral Doom. C'est une invitation à plonger ses mains, par le biais de quelques ambiances magiques et maléfiques, dans la terre de nos ancêtres, à remuer les racines de notre inconscient collectif afin de se réapproprier nos origines. Ce n'est pas dans cet entretien que tu découvriras pourquoi la Lorraine est la seule région dans le monde à compter 2 édifices religieux construits par le Diable himself ou bien de quelle manière est mort le Graouli. Par contre, pour un avant-goût de fin du monde, c'est bien évidemment par ici que ça se passe...

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Bonjour THE AUSTRASIAN GOAT, quel âge as-tu ?

Bonjour. Je pourrais avoir une réponse toute poétique, en mettant en avant la relativité du temps et en optant pour des référentiels occultes. Mais faisons simple : j'ai 28 révolutions solaires.

28 révolutions solaires, ça fait combien en années black metal ?

Bah pareil. À moins d'avoir un pète au casque.

Étais-tu un homme avant d'être un bouc ?

Même si mon pelage peut amener à croire le contraire, j'ai bien peur d'être humain. J'ai parfois l'esprit du bouc. C'est tout.


À quoi se résume l'esprit du bouc ?


Au-delà de quelques obscurs bêlements, il est l'expression de la noirceur de l'âme, en ce qu'elle a de plus profond. En cela l'esprit du bouc est un individualisme. THE AUSTRASIAN GOAT en est la célébration, tout autant qu'un exorcisme.

Comment mets-tu cette célébration/exorcisme en musique ? Comment l'illustres-tu ?

Cela s'est imposé presque naturellement, comme une nécessité. Je voyais SHALLNOTKILL s'éteindre et je ressentais le besoin de créer. J'étais dans un état d'esprit assez trouble, j'ai eu besoin de me plonger dans ce projet afin d'en faire état et de mettre en forme la confusion et le chaos qui m'habitait. Je l'ai fait sans aucune assurance, avec pour toute ambition celle de me retrouver.
J'ai fait les choses assez instinctivement. Cela correspond à ma vision du black metal. C'est une approche individuelle. Cela n'a rien à voir avec une certaine orthodoxie. Cela reste un disque de punk : pas de dogme. Certes, je trouvais l'idée de faire un disque de black metal amusante, mes proches également. Il m'est venu l'idée de rire des clichés que le style véhicule, aussi j'avais pensé à parler de légendes régionales, de forces occultes dont l'Austrasie a fait son pain quotidien des siècles durant. Mais finalement, tout cela n'est présent qu'en filigrane. Je n'ai finalement pas souhaité m'engager sur le chemin de la parodie. J'ai fait les choses sincèrement, et sérieusement, je crois que l'entaché d'un concept qui prête à sourire aurait décrédibilisé mon « travail » (à mes yeux, là encore, c'est un point de vue strictement personnel). Je m'amuse toujours de clichés black metal, ceux-ci sont souvent bien loin des réalités, qui elles - à y regarder - sont bien plus noires que n'importe quel album de MAYHEM. C'est mon environnement direct, mon histoire et celle du trou qui m'a vu naître qui m'a inspiré. Je hais les nationalismes, je déteste les frontières. Mais je constate depuis quelques années un attachement particulier vis-à-vis des campagnes lorraines, un intérêt grandissant pour l'histoire de ce pays. Cela peut avoir quelque chose de paradoxal si on prend les choses sur un plan primaire. L'histoire complexe de l'Austrasie, puis de la Lotharingie et de la Lorraine, est fascinante et riche d'enseignements. Cette région (qu'on ne peut réduire aux frontières régionales actuelles, puisqu'elle s'étendait jusqu'aux abords de Reims, au sud de la Belgique et à une partie des Ardennes) était convoitée par la France et l'Allemagne des siècles durant. Les invasions multiples (croates, suédoises…) en ont fait une terre métisse. Elle fut au cœur de l'essentiel des conflits majeurs de l'histoire occidentale (Guerre de 30 ans, Guerres mondiales…) et touchée par des fléaux meurtriers (70 % à 80 % de sa population furent anéantis par la peste). Cependant, toujours (ou tout du moins jusqu'à il y a peu…), l'Austrasie résista. L'Église eut particulièrement du mal à s'imposer dans ce monde païen et elle due redoubler de ruses pour y parvenir. Le duché de Lorraine n'est rattaché à la France que depuis 1766. L'histoire de la Lorraine n'est commune à celle de la France que depuis cette époque… 340 ans. C'est à peine plus que l'âge des États-Unis.
Ce qui me passionne dans cette histoire, c'est que la Lorraine est une terre d'insoumission, qui n'a de sérénité que la façade, des siècles de cicatrices verdoyantes. C'est par là que je fais le lien avec ce qui me préoccupe quotidiennement : l'opposition à l'ordre établi. L’anarchie.

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Tu as une approche du BM (et de la musique en général) peu orthodoxe, en cela j’aurais tendance à rapprocher ton travail (même si différent soit-il) de celui de Jeff d’Altsphere. De qui te sens-tu proche (entourage ou « admiration ») ? Est-ce que ce rapport de proximité joue ou a joué dans la conception de ton disque ?

Je ne me sens pas particulièrement d'affinité avec des groupes de black metal. Ça n'est pas mon « milieu ». J'apprécie les gens qui cherchent, qui vont dans des directions nouvelles et il en est dans le black metal comme ailleurs. J'apprécie Jeff, il fait les choses sans compromis et de façon DIY, et je pense qu'il est fondamental de transférer ce mode d'action à autre chose qu'au punk. Je ne crois pas que qui que ce soit ait eu une influence directe dans la conception de ce disque. Deux éléments cependant : mon intérêt pour le doom et le black metal ces dernières années, et d'innombrables discussions avec des proches. Cette dernière proximité a joué un rôle, indirectement. Moins on accorde de crédit à ce que je peux dire, plus j'ai envie de faire. J'ai eu envie de faire un disque de punk aux sonorités doom et black metal. That's all. Je l'ai fait, ça fait du bien à l'ego.

Qu'en est-il de la reprise de GRIEF ? J'ai senti comme un mélange de déférence, de respect et d'ironie eu égard au choix du titre repris… Mais je me trompe peut-être…

Ça faisait longtemps que ça me trottait dans la tête… Avant même que j'envisage de faire parler le bouc. GRIEF est incontestablement une référence personnelle. Ils ont sorti une chiée de disques superbes et leur démarche me cause. J'apprécie leurs textes, leur cynisme et leur lourdeur. I Hate The Human Race est un morceau que j'aime tout particulièrement, justement parce qu'il est la synthèse de tout cela. Et, en un sens, je partage le cynisme de ce texte. Je n'aime pas l'humanité, ce qu'elle fait de cette planète. Ça me rend nauséeux rien que d'y penser. Mais tu devrais le savoir, puisque tu fais les chœurs… Et puis, je n'aurais jamais fait une reprise d'un groupe de black metal. Je voulais faire une cover de GRIEF. Si ça n'avait pas été GRIEF, ça aurait été CRASS, NOOTHGRUSH ou YES. Peut-être un jour…

En parlant de YES, tu penses quoi de Trevor Rabin ?

Je pense qu'on a eu vite fait d'enterrer le bonhomme en arguant que Steve Howe était LE guitariste de YES. Mais on oublie que les tubes pop de YES lui sont dus (réécoutez Big Generator ou 90125, des monuments des 80’s). Et on lui doit aussi pas mal de choses de FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD. En revanche, j'ose à peine évoquer les innombrables B.O. merdiques qu'il fait depuis la fin des années 90 (Armageddon, etc.) et encore moins sa coupe de cheveux…

À l’heure où l'on cause, le disque est en voie de finalisation. Parle-moi un peu de tes attentes par rapport à celui-ci. Toujours dans le flou en ce qui concerne sa sortie ? Le format, le label, la distribution ?

Le disque doit être masterisé dans quelques jours. Je vais faire ça avec Alex de GU GUAI XING QIU, parce que c'est un sorcier. Il vaut mieux qu'il s'en charge, je sais pas faire. Je suis vraiment impatient. Ensuite, je vais l'envoyer aux quelques potes/labels qui ont prêté attention à ce projet. Si jamais ça les branche, c'est cool, sinon, je ferai les choses avec 213 Records. Quoi qu'il en soit, ça sortira. J'envisage de le sortir en LP. Pour un premier disque, c'est hyper prétentieux, je te l'accorde. J'aime bien ces morceaux. Il ne m'arrive pas souvent d'être content de ce que je fais, alors autant me faire plaisir.
Mes attentes ? J'ai juste envie d'avoir un LP de THE AUSTRASIAN GOAT dans mes étagères. Après, il est assez vraisemblable que j'emmagasine des cartons de LP pendant un bon moment dans ma cuisine. Mais bon, j'ai l'habitude. J'assume.

Je sais que ce n'est pas encore à l'ordre du jour, mais as-tu pensé faire des concerts avec le Bouc d'Austrasie ? Est-ce du domaine du possible, selon toi ? Si oui, comment imagines-tu la chose ?

Je ne pense pas que ça soit à l'ordre du jour, ni aujourd'hui, ni demain. Je n'envisage pas THE AUSTRASIAN GOAT comme un « groupe », ou comme une formation scénique. C'est quelque chose d'intime et je ne m'imagine pas jouer ces morceaux devant des gens. Ça serait ridicule. Je serais le premier à me bidonner. D'autant qu'il faudrait que j'étudie mon maquillage et que j'investisse dans les clous. Et j'ai pas de sous à foutre là-dedans.

Et est-ce que tu penses ce projet dans la longueur ?

Initialement non. C'est venu comme une envie de pisser et je pensais que ça partirait de la même façon. Mais je me suis pris à mon propre jeu et je continue à enregistrer des trucs. Il y aura un split CD-R avec un projet de Jeff, THE DEAD MUSICIAN. Je ne sais pas ce qu'il en sera au-delà. Je « jette » beaucoup de trucs également, un peu plus de la moitié de ce que je fais. Je reviens assez souvent sur mes travaux, je n'en ai jamais vraiment fini. je n'arrive pas à me dire « Ok, cette fois-ci, c'est bon, j'ai fini le mix »…

Question à la con, mais tu crois pas qu'on rend un peu trop vite MySpace responsable de tous les maux de la société moderne, comme ça, on évite d'affronter les vrais problèmes ou de se poser les vraies questions ? Qu'on soit d'accord, cet outil reste pour moi un truc complètement inutile, antithétique au punk ou au black metal. J'avais au départ envie de te titiller là-dessus, étant l'heureux et récent possesseur d'une de ces pages, et puis je me suis rendu compte que c'était peut-être un peu trop facile…

Jusqu'à présent, je n'ai toujours pas vraiment compris ce qui a fait de MySpace « un outil indispensable pour tout artiste qui se respecte ». Je cherche encore… J'ai bien quelques pistes : la mise en forme généralisée qui offre une relative accessibilité à l'information en quelques secondes et, je crois surtout, la visibilité d'un tissu relationnel virtuel. Je crois que MySpace mériterait des études comportementales.
Finalement, ça pourrait être un simple hébergeur, comme pour n'importe quel site. Ce qui me gênait, et me gêne encore, c'est l'uniformité de la chose et cette hypervisibilité relationnelle. Je sais qu'elle a été bénéfique à pas mal de proches qui ont pu trouver pas mal de dates ou quelques coups de mains divers et variés. J'ai ouvert une page MySpace pour faire une petite expérience : j'ai mis en ligne un morceau, une courte présentation et ai invité 12 personnes à devenir des "amiEs virtuel(LE)s". 6 sont des connaissances directes, 6 sont des gens ou groupes que j'apprécie sans qu'ils appartiennent à mes proches. En deux jours, j'avais 60 sollicitations. Une trentaine de personnes dont je n'avais absolument jamais entendu parler ! Et rien de plus, pas un mot, pas un message. Juste "add to friend". On est dans un rapport distordu. Quel intérêt à cela, pour eux comme pour moi ? MySpace est finalement à l'image de cette société basée sur le « paraître ». L'apparence, dans ce qu'elle a de pire et de meilleur à offrir. Je ne sais pas s’il est antithétique au punk ou au black metal, mais il l'est selon moi à toute forme de relations réelles. Je ne suis pas un utilisateur « heureux » de MySpace. Je suis curieux, j'aimerais comprendre ce qu'apporte ce truc. Quand ça m'emmerdera, je fermerai mon compte. Pour le moment, je trouve ça drôle.

MySpace me fait penser à un virus dans son mode de propagation. Aujourd'hui, il ne paraît pas normal de ne pas avoir sa propre page… Enfin, bref, tu ne réponds pas à ma question de départ, hé hé. Penses-tu qu'on se laisse plus facilement aller à critiquer les rapports qu'entretient la scène punk DIY avec MySpace plutôt que certains problèmes sociaux et sociétaux beaucoup plus importants ? Je veux dire, ne trouves-tu pas qu'il y a un problème de priorités aujourd'hui chez le « punk moderne » ?

Il y a certainement un problème de priorité chez le punk americano-européen, addict à MySpace, Ebay and co. Mais à titre personnel, je ne considère en aucun cas ces gens - tout du moins ceux et celles qui ne fonctionnent que sur ce mode - comme des punk/hardcore kids. Des amateurs de musiques, des consommateurs compulsifs. Je crois que parler de MySpace et revenir sans arrêt sur les rapports qu'entretiennent les gens par ce média n'est pas fondamental. C'est du divertissement. C'est symptomatique d'une nouvelle ère de communication, mais pas fondamental. Je pense qu'il est bien plus important de s'attacher à ses fondements. Quand un virus se développe, c'est qu'il y a carence immunitaire. Il y a une volonté croissante de contrôle de l'image. Pourquoi ? Déficit de l'estime de soi ? Je crois que dans un monde surpeuplé, il n'est pas facile de tirer son épingle du jeu, et les NTIC sont un refuge pour l'ego.
Tout cela me semble bien loin de problèmes autrement plus importants : les politiques ultra-sécuritaires au service de l’ultra-libéralisme assassin, la consommation énergétique démentielle et irresponsable, les politiques migratoires inhumaines, le logement, et j'en passe.

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Hormis THE AUSTRASIAN GOAT, tu tripotes également des machines dans DOGMICIDE. Je voulais savoir si tu adoptais la même approche pour ces deux projets. Qu'est-ce qui les différencie, au final ? (Je connais déjà la réponse, mais bon.)

DOGMICIDE est une appellation qui caractérise tout ce qu'on peut faire en binôme, soit Xtelle (qui jouait dans SHALLNOTKILL et qui a fait quelques trucs électro toute seule sous le pseudo XTL) et moi. Il n'y a aucune ligne directrice. C'est simplement l'association musicale de deux personnes. On a fait des choses allant du harsh noise électronique à des choses plus organiques (duo basse/batterie). C'est un espace de liberté, d'expérimentation que l'on s'octroie à deux.
THE AUSTRASIAN GOAT est très différent de DOGMICIDE dans ma façon d'aborder les choses par deux aspects principaux : c'est un projet plus introspectif et imagé, et je n'ai à faire aucun consensus (j'ai à en faire avec XTL au sein de DOGMICIDE, puisqu'on est deux).

Qu'as-tu souhaité exprimer avec le texte de Black Is Not A Colour ?

Black Is Not A Colour est un titre qui fédère tout un ensemble d’idées. C’est une sorte d’énumération, une sombre évocation de mes sentiments. Le noir n’est pas une couleur. C’est une profondeur achromatique presque ineffable. C’est fascinant, tout comme les multiples symboliques qui lui sont associées. Ici, il est clairement question de réaffirmer des convictions politiques de part ce drapeau noir dont il est question et d’évoquer ma conception du black metal, du doom. Je ne les dissocie pas du punk et en c’est pourquoi je me fous de savoir ce qui est “true“ ou non. Je méprise les chapelles de toutes sortes. Ce texte s’inspire beaucoup de textes sombres de groupes punk comme SHIKABANE, CROW (j’y fais une référence explicite à la fin : le corbeau fait partie de l’univers punk, le bouc est du domaine du satanisme), DIALLO, ARTIMUS PYLE… Pour moi, leurs textes sont bien plus sombres, romantiques (au sens littéral du terme, pas dans un sens romanesque) et chaotiques que n’importe quel texte de BURZUM ou EMPEROR. Leurs textes ne se noient pas dans le mythe, et tout en conservant une saveur occulte, restent emprunt d’un profond réalisme, ce qui les rend d’autant plus violents et efficaces. J’ai essayé de donner un caractère relativement explicite à mes textes, ce qui les distingue beaucoup de ce que j’avais l’habitude d’écrire jusque-là. Ça conserve tout de même un caractère elliptique.
(Avant ça, j'aimerais revenir sur la question précédente et compléter un point : l'expression « Partout où la queue du diable frappe, c'est l'enfer qui surgit » est une vieille expression lorraine.)

Tout comme ces deux lignes que je trouve magnifiques : "We are not trees, we have no roots" dans la chanson suivante…

Merci. C'est inspiré d'un article que j'ai lu il y a peu sur le paganisme, écrit dans la revue du syndicat Sud Éducation il me semble (lecture de chiotte). Je m'intéresse au paganisme, je trouve le rapport de cette « spiritualité » à la nature particulièrement intéressant et beau, mais je vomis ses éventuelles inclinaisons nationalistes, racistes. Je les trouve abjectes. Certains concepts spirituels tendent à l'absurde.
On prétend souvent que l'homme a besoin de « repères », d'une « identité »; étant entendu par là nationalité, attachement à une histoire nationale, régionale, à un « patrimoine »… Cela ne me semble pas être essentiel à l'identité justement. J'entends par là que - quand bien même nous pouvons éprouver un attachement pour une terre et sa culture - notre identité se forme dans notre rapport aux autres. Notre histoire se forme sur celle de nos aïeux, mais nous en portons la responsabilité. Cette responsabilité n'est pas tant celle de l'héritage, elle me semble plutôt être celle de notre propre existence, de notre devenir. Bien au-delà de ces aspects « spirituels » (ou « spiritueux », ça dépend de l’heure), je ne crois pas en la sédentarité de l’homme, je ne crois pas en la patrie comme valeur unificatrice, je ne crois pas au concept d’« État-nation ». La quête de racines, quelles qu’elles soient, est souvent due à un déficit d’ordre affectif, émotionnel. Ça n’a rien de naturel.

Connais-tu le film anglais The Wicker Man avec Christopher Lee ? C'est l'une des bandes les plus intéressantes qu'il m'ait été donné de voir sur le paganisme. Au-delà de l'approche clairement fantastique et fantasmatique, ce film nous offre une réflexion intéressante sur la perduration des rites anciens dans notre société et la perception qu'en a la foi chrétienne dominante… Bon, en dehors de cette référence, te sens-tu inspiré par le médium cinématographique pour composer la musique de THE AUSTRASIAN GOAT ? Au risque de me répéter, on se retrouve effectivement face à un disque de black metal atypique qui a plus à voir avec une bande originale de film qu'à un album de WATAIN…

Non, je n'ai pas vu ce film (mais j'imagine que mon ami Buddy Satan va me permettre de le visionner !). J'aime assez le cinéma, mais ma culture en ce domaine est plus que limitée. Je crois que tout ce qui est vecteur d'émotion m'influence, de façon consciente ou non. En ce qui concerne le cinéma précisément, je ne crois pas y avoir cherché un quelconque modèle esthétique. Si je devais associer ma musique à des images, j'emprunterai d'avantage celles de Murnau ou des surréalistes que du cinéma contemporain. La fiction n'est pas quelque chose que j'aime particulièrement. La réalité et le mythe (qui lui se fonde souvent sur une réalité plus ou moins tangible) ont mes faveurs. Pour moi, l'horreur est ici. Ce sont les milliers de victimes de catastrophes au Pakistan que l'Occident oublie. Cette horreur-là vaut bien plus que n'importe quel ouvrage de Lovecraft, bien plus tous les disques de black metal de la terre.
Pour en revenir au fond de ta question, je m'intéresse surtout à ce qui perdure justement du paganisme à notre époque. Il est très intéressant de noter qu'en Lorraine (qui fût un des berceaux du celtisme, bien avant la Bretagne) perdurent bon nombre de traces de ce passé. L'Église, qui a travers les siècles n'a pas toujours réussi à faire oublier certaines croyances, à faire disparaître certains monuments, les a fait sien, les a christianisés. On trouve énormément, par exemple, de monolithes dans les campagnes. Souvent, les Chrétiens y ont gravé des croix, ou bien apposé une vierge. D'autre fois, l'Église a créé de toutes pièces des saints fictifs et des histoires merveilleuses qui ne sont que des réécritures de la tradition orale païenne. C'est assez significatif. Les puissants évêchés de Lorraine ont eu beaucoup de mal à trouver un écho, que ce soit auprès des ducs de Lorraine ou des populations.

Ta playlist de DJ ?

Aujourd'hui ça serait :
DISRUPT - Unrest LP
CATHETER - s/t LP
ALTERCADO - Radio Rebellion LP
LEVIATHAN - Howl Mockery At The Cross LP
MEREL - s/t LP
THE GREY - Asleep At The Wheel LP

Mais si je faisais le DJ à cet instant, je passerais :
Electric Chair de APES, PIGS AND SPACEMEN, Waiting Room de FUGAZI, I Want Out de BLACK SS, Boring Girl de PISSED JEANS, Atomic Punk de VAN HALEN, Run Idiot Run de TRAPDOOR FUCKING EXIT, Here Comes The War de NEW MODEL ARMY, In The Flat Field de BAUHAUS, Sabbath Bloody Sabbath par BLACK SABBATH et plein de trucs inécoutables et surtout pas dansables.

Ta blague préférée ?

HYACINTH.

L’emo de la fin ?

HYACINTH.